Quand il paraît en février 2012, le Journal d’un corps de Daniel Pennac éblouit les cercles littéraires : un ouvrage surprenant pour auteur lauréat du prix Renaudot 2007. Une exploration intime, impudique, parfois clinique, de cette enveloppe qui est la nôtre. Sous la forme d’un journal, relatant une évolution de presque toute une vie, Pennac se glisse dans la peau d’un vieil homme qui raconte l’évolution et les "émotions" de son corps. Salué par la presse, notamment L’Express qui lui décerne son prix des lecteurs, le livre créé l’événement et s’inscrit parmi les réussites majeures de l’auteur.
Larcenet lui-même a proposé à Pennac d’illustrer son livre. Si ce dernier a déjà frayé avec la BD (la Débauche avec Tardi, co-scénariste d’un Lucky Lucke avec Benacquista), l’auteur de Blast se lance dans un exercice inédit. Et son choix va dans une direction très créative. Il s’affranchit des pages et des formes, pour alterner des formats : pleine largeur, chevauchements, formes pleines ou esquissées, personnages seuls ou accompagnés d’un symbole, duos opposés... On reconnaît immédiatement le style larcenet, mais on découvre aussi beaucoup. Notamment dans les contrastes, la variété des noirs ou des gris. L’album parvient surtout à éviter toute répétition, tant les illustrations surprennent d’une page à l’autre.
L’objet en lui-même, épais volume grand format de plus de 300 pages, rivalise avec les lourds livres d’art des bibliothèques, et offre une mise en page à l’élégance permanente. Avant tout une offrande aux amoureux de Pennac, mais aussi une nouvelle facette de Larcenet, qui semble parfaitement comprendre le propos de l’auteur.
(par David TAUGIS)
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