À l’image d’autres récit biographiques récents, comme le formidable Les ensembles contraires, Journal d’une bipolaire passionne de bout en bout. Étudiante vivant une idylle transatlantique avec un Québécois, Camille sombre dans la déprime au moment de franchir le pas du grand voyage vers Montréal. Dès lors, elle se montre incapable de réaliser ses projets, notamment finir ses études, passer un concours... Sa famille se mobilise, d’abord surprise, puis résignée.
Patrice Guillon avait scénarisé Dans la secte, chez le même éditeur, et on retrouve ici sa maîtrise pour évoquer un personnage vivant une forme de malédiction. L’album ne se contente pas d’égrener les différents séjours en hôpital de Camille, mais s’enrichit des doutes et des joutes entre le père (Patrice Guillon donc) et sa fille, au centre de ce récit. Car cette BD fait aussi, d’une certaine façon, partie de la thérapie.
Journal d’une bipolaire émeut, souvent, dans les épisodes ou la lutte pour retrouver un moral acceptable s’avère impossible. La tentative de suicide de Camille, dans la maison de sa grand-mère, constitue une scène bouleversante.
Pour autant, ce superbe one shot s’oxygène de nombreux moments de vie, de partage, d’amitié. On découvre l’univers de centres de santé ou les patients font la fête, s’épaulent, se soutiennent. On plonge, le temps d’un job d’été, dans le petit monde des castmembers d’euro-Disney...
Joliment découpé en chapitres aux titres de chansons populaires, dont le clin d’œil d’une ironie époustouflante "quelque chose en toi... ne tourne pas rond" de Téléphone, Journal d’une bipolaire n’est rien moins qu’une petite merveille.
(par David TAUGIS)
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