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Justice League : L’Autre Terre - par Grant Morrison & Frank Quitely (Trad. Laurent Queyssi) – Urban Comics

Par Guillaume Boutet le 26 juin 2014                      Lien  
Dans un univers d'anti-matière, aussi semblable que différent du nôtre, existe une Terre. Sur cette planète un groupe, image inversée de la Ligue de Justice, fait régner l'ordre : le Syndicat du Crime. Un seul héros s'oppose à eux, Lex Luthor, qui va voyager à travers les réalités pour demander de l'aide... à la Ligue de Justice !

À l’occasion de la publication en kiosque du crossover Forever Evil, qui signe le retour du Syndicat du Crime dans le relaunch New 52, Urban Comics nous propose ce récit classique, publié en 2000 et signé par le duo Grant Morrison et Frank Quitely, dans lequel il tient la vedette.

Justice League : L’autre Terre (JLA : Earth 2 en VO) clôt le long run de Grant Morrison sur la JLA (Justice League of America), dont il a écrit les aventures de 1997 à 2000. Pour finir en beauté, et de façon inattendue, le scénariste écossais ressort du placard le Syndicat du Crime qui n’avait plus été mis en scène depuis 1986 [1].

Ce groupe de vilains, créé par Gardner Fox et Mike Sekowsky en 1964, fait sa première apparition à l’occasion d’une aventure conjointe de la JLA avec la JSA (Justice Society of America). À cette époque, la JLA avait remplacé la JSA, l’équipe historique. Cette dernière fit néanmoins son retour en 1963 grâce à une astuce scénaristique de Gardner Fox : la création d’une Terre parallèle, Terre-2, où elle devint une version alternative de la JLA. Continuant à explorer ce concept, Gardner Fox et Mike Sekowsky imaginèrent une nouvelle version alternative de la JLA, évoluant sur une autre Terre parallèle, la Terre-3. Ainsi naquit le Syndicat du Crime.

Justice League : L'Autre Terre - par Grant Morrison & Frank Quitely (Trad. Laurent Queyssi) – Urban Comics
Aucun doute : ce n’est pas la Justice League !
© Urban Comics / DC Comics

Les membres de cette équipe sont des versions maléfiques de Superman, Batman, Wonder Woman, Green Lantern et Flash, à savoir : Ultraman, un astronaute dopé à la Kryptonite, Owlman, un génie du crime, Superwoman, une amazone immorale et dévergondée, Power Ring, un trouillard utilisant un anneau doté des pouvoirs d’un moine tibétain, et Johnny Quick, un super bolide.

Cependant l’idée la plus intéressante de Gardner Fox concernant le Syndicat du Crime réside dans sa légitimité. En effet, dans leur monde, le mal triomphe toujours, car il en constitue l’essence. Ainsi, le Syndicat du Crime ne peut pas être vaincu sur sa Terre, car aussi bien les habitants que les événements tendent naturellement vers le mal. Le bien représente tout au plus une anomalie, une forme de dévoiement moral.

Nos héros tentent de moraliser les chefs d’état de l’anti-Terre, en vain...
© Urban Comics / DC Comics

Grant Morrison reprend cette idée en faisant voyager chacune des équipes dans le monde de l’autre, où elles tentent d’y faire le bien ou le mal. Elles ne se croisent jamais, ou presque, et pourtant chacune se trouve mise en échec par un environnement qui, par nature, leur est défavorable. La force et la qualité du récit ne repose ni sur l’action, ni sur une intrigue à tiroirs, mais sur une fatalité et une caractérisation des personnages parfaitement maîtrisés.

Dans sa version pervertie de la Justice League, Grant Morrison s’en donne à cœur joie avec le Syndicat du Crime, se permettant une impertinence assez jubilatoire, qui passe par des dialogues très colorés et des situations qui touchent ce qu’il y a de plus fondamental chez nos héros. Ainsi, le passage de Batman dans l’anti-Gotham est d’une efficacité redoutable.

Gordon, chef de la mafia de Gotham, face à Thomas Wayne, chef de la police
© Urban Comics / DC Comics

L’histoire délivre au final une morale sur la relativité du bien et du mal, et sur l’idée d’un grand équilibre cosmique. Le dessin de Frank Quitely a comme toujours ce côté « sucré » de marshmallow, simple, épuré, et souligné par un découpage clair et efficace. Cependant ses visages sont parfois un peu trop boursouflés !

L’édition d’Urban Comics propose un bonus assez volumineux d’une quarantaine de pages : une partie du storyboard et des esquisses de Grant Morrison, traduits en français, qui ravira les fans du scénariste écossais et les amateurs de l’envers du décor !

Justice League : L’Autre Terre constitue une excellente lecture, facile d’accès, et donc idéale pour les lecteurs qui désireraient découvrir une version immorale des célèbres héros de DC Comics.

Retour à la normale sur l’anti-Terre : chacun chez soi et l’harmonie est préservée !
© Urban Comics / DC Comics

(par Guillaume Boutet)

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Code EAN :

Justice League : L’autre Terre. Par Grant Morrison & Frank Quitely. Traduction Laurent Queyssi. Urban Comics, collection "DC Deluxe". Sortie le 20 juin 2014. 144 pages. 15,00 euros.

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[1La dernière apparition du Syndicat du Crime eut lieu lors du maxi crossover Crisis on Infinite Earths ; cependant les dernières histoires le mettant véritablement en scène furent publiées en 1982 :
- DC Comics Presents Annual #1 : "Crisis on Three Earths !",
- le crossover Justice League of America #207-209 + All-Star Squadron #14-15.

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