Justice League Rebirth T6 - Par Christopher Priest - Urban Comics

Ce sixième tome [1] de la série Justice League Rebirth possède plusieurs particularités. D’abord, Christopher Priest prend la suite de Bryan Hitch au scénario, qui présidait la destinée de l’équipe depuis le relaunch. Ensuite, c’est le dernier tome de la série, remplacé par le titre Justice League : New Justice écrit par Scott Snyder. Enfin, l’histoire que propose Priest tranche avec les aventures cosmiques de Hitch, en ramenant nos héros à des préoccupations morales et juridiques.

En dépit d’un tome cinq très réussi, la prestation de Hitch nous a laissé un sentiment mitigé : des histoires ambitieuses à base de menaces planétaires, et inter-dimensionnelles, certes distrayantes, mais finalement trop portées sur l’action qui passaient souvent à côté du propos mythologique ou humain qu’elles visaient.

Christopher Priest, qui reprend donc en main le comic pour son dernier acte, laisse de côté ces considérations cosmiques pour revenir à un sujet presque aussi classique, mais bien mieux maîtrisé dans son cas : quels sont les combats légitimes des super-héros ?

© DC Comics / Urban Comics

Tout débute par une mission presque ordinaire : une prise d’otages et des terroristes. La Ligue de Justice intervient mais à la suite d’un cafouillage avec les forces de l’ordre, l’un des otages meurt, transpercé par l’épée de Wonder Woman ramassée par l’un des terroristes.

Il n’en faut pas plus pour que leur légitimité soit remise en question, qu’ils soient convoqués à la Chambre des Représentants, qu’on remette en cause leur anonymat et leur QG, un satellite échappant aux règles du droit international. Conséquence : Batman, en tant que chef, endosse la responsabilité de l’accident et désigne Cyborg pour le remplacer.

Les lecteurs de Deathstroke Rebirth, signé Christopher Priest, ne seront pas dépaysés par l’ambiance du récit qui fait la part belle aux relations des personnages, aux dialogues plein d’humour et de dérision, et à un passage en Afrique. Nous y retrouvons d’ailleurs Deathstroke et Le Lion Rouge qui se jouent des idéaux utopistes de la Ligue de Justice, habituée à combattre des tyrans cosmiques et des génies du mal, et confrontée ici à la réalité des conflits ethniques.

© DC Comics / Urban Comics

L’écriture se révèle assez fine, le discours sur les questions d’images, via des encarts de commentaires publiés sur les réseaux sociaux, plutôt convaincant, et les différents membres de la Ligue ont tous droit à leur moment et à un questionnement spécifique.

Une histoire très réussie, portée par un graphisme plutôt correct, sans grande étincelle, qui souffre uniquement d’un dénouement un peu trop brutal et facile, sans doute parce qu’il fallait conclure pour donner la main à Snyder.

Quoi qu’il en soit, un excellent dernier tome qui s’ajoute au précédent tout aussi remarquable, et qui achève une série dans l’ensemble sympathique mais qui a parfois manqué de consistance, peinant à être aussi épique qu’elle l’ambitionnait.

© DC Comics / Urban Comics