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Justice League T4 - Par Goeff Johns, Matt Kindt & David Finch (Trad. Edmond Tourriol) – Urban Comics

Par Guillaume Boutet le 23 juillet 2014                      Lien  
Suite à la guerre contre les Atlantes, la confiance envers la Ligue de Justice s'est effondrée. Le gouvernement américain profite de la situation pour mettre sur pied sa propre ligue de justice. Cette nouvelle équipe se montrera-t-elle cependant à la hauteur des attentes toutes particulières de l'Oncle Sam, mais aussi du lecteur ?

Ce quatrième tome de Justice League new 52 nous invite à une petite escapade. En effet nous quittons momentanément Superman et ses coéquipiers pour suivre Amanda Waller et Steve Trevor, membres de l’A.R.G.U.S [1], fonder leur propre équipe de super-héros : la Ligue de Justice d’Amérique !

Les derniers évènements ont mis en lumière de graves problèmes de cohésion et de confiance autour de la Ligue de Justice. Que faire si ces super-humains décident de « changer le monde » et de se retourner contre les gouvernements ? Qui pourrait leur faire face ? Devant la nécessité de posséder une force de contre-mesure, les autorités américaines décident de créer leur propre équipe, à la force équivalente, composée de membres aux personnalités et aux aspirations plus « accommodantes ».

Ce tome propose ainsi les cinq premiers épisodes de la série mettant en scène cette nouvelle équipe de super-justiciers [2].

Justice League T4 - Par Goeff Johns, Matt Kindt & David Finch (Trad. Edmond Tourriol) – Urban Comics
La Ligue de Justice d’Amérique au complet
© Urban Comics / DC Comics

L’idée de plusieurs ligues en activité parallèle n’est pas nouvelle et remonte pour la première fois à 1989, avec la Ligue de Justice Europe, venant complémenter la Ligue de Justice d’Amérique -renommée à cette occasion « Ligue de Justice Internationale ».

Le relaunch new 52 avait repris ce concept en en lançant trois nouvelles entités : la Ligue de Justice (composée des super-héros historiques), la Ligue de Justice Ténèbres (orientée monde de la magie) et la Ligue de Justice Internationale (sous la coupe des Nations unies). Malheureusement, cette dernière série s’arrêta au bout de 12 numéros. La nouvelle ligue -« d’Amérique »- qui nous intéresse dans ce tome reprend donc le principe d’une ligue « institutionnelle », et se veut en quelque sorte la continuité éditoriale de « l’Internationale ».

Vibe tente de briser la glace avec Hawkman... sans grand succès
© Urban Comics / DC Comics

Au scénario, nous retrouvons l’incontournable Geoff Johns, qui y poursuit ses constructions à grande échelle (comprenez : des intrigues se développant sur plusieurs titres). La partie graphique est assurée pour les trois premiers numéros par David Finch, au style « dur », reposant sur un encrage appuyé, qui apporte une atmosphère sombre tout à fait appropriée. Les épisodes suivants sont dessinés par Brett Booth, au trait plus léger, clair, mais très inspiré et efficace lors des séquences d’action. Une équipe qui nous offre un travail sérieux et qui connaît son affaire.

Le point crucial concernant ce type de série repose sur son casting. Celui de cette Ligue, composée par la force des choses de « seconds rôles », frappe -comme il se doit- par son aspect hétéroclite : J’onn J’onzz, Green Arrow, Hawkman, Catwoman, Simon Baz (un nouveau Green Lantern), Stargirl, Katana et Vibe. Certains noms se trouvaient attendus alors que d’autres étonnent, comme celui de Catwoman, qui se voit proposer d’effacer son casier judiciaire...

Le courant ne passe pas encore entre Catwoman et Katana !
© Urban Comics / DC Comics

Il y en a véritablement pour tous les goûts, et l’ensemble fonctionne car chaque personnage y trouve un rôle bien défini : le calculateur froid, la tête brûlée, la brute de service, la voleuse aguicheuse, l’égérie de la communication, la tueuse asociale, le petit nouveau intimidé mais compétent – nous passerons pour le moment sur Simon Baz qui apparaît uniquement à la fin du tome. Le tout s’appuie sur des interactions et des dialogues bien écrits qui mettent tout ce beau monde en valeur.

Du côté du récit, l’aspect « équipe gouvernementale » -et de propagande- est abordé à travers les conférences de presse ou les émissions auxquelles participent Stargirl bien malgré elle : simple mais efficace. L’intrigue à proprement parler de cette première aventure lance nos héros à la poursuite d’une mystérieuse société secrète de super-vilains.

J’onn J’onzz... inquiétant !
© Urban Comics / DC Comics

L’action est bien menée, sans temps mort, avec une bonne dose de suspense et certaines séquences très réussies, comme le prologue ou l’infiltration dans le manoir ennemi. Les compétences de chaque personnage se trouvent exploitées judicieusement : les pouvoirs mentaux de J’onn J’onzz, les talents d’infiltration de Catwoman, les perturbations ondulatoires de Vibe, etc.

Notons le traitement particulier de J’onn J’onzz, le limier martien, la star de l’équipe, qui bénéficie d’un soin particulier. Ainsi les épisodes sont entrecoupés de back-ups dédiés à son passé -écrit par Matt Kindt- apportant un approfondissement bienvenu au personnage. Placés ainsi, ils offrent également un vrai contrepoint à certaines scènes du récit principal, leur conférent un nouvel éclairage appréciable.

De plus, le Martien télépathe se trouve doté d’une nouvelle caractérisation, moins avenante, plus froide. J’onn J’onzz a désormais peu de scrupule à user de ses pouvoirs sur les gens, ce qui tranche avec la figure traditionnelle du personnage. Un changement qui ne plaira pas à tous, mais qui offre un nouvel angle d’attaque au personnage, se fondant bien dans l’ambiance générale de la série, dont le thème majeur est la problématique de la confiance et de la manipulation.

J’onn J’onzz faisant face au chef de la Société Secrète pendant que ses coéquipiers affrontent un adversaire de taille !
© Urban Comics / DC Comics

Le bilan de ce premier tome s’avère globalement convaincant, proposant des personnages et des situations bien ficelées, dans un rythme appréciable. Bémol cependant : le fait de se retrouver dans une histoire dont l’objectif est avant tout de préparer les futurs gros événements de l’univers DC Comics. Car, malheureusement, rien n’est résolu aux termes de ce premier arc, qui pose davantage de questions qu’il n’y répond...

En ce sens, cette Ligue de Justice d’Amérique manque pour l’instant d’identité, ne s’ancre pas dans un univers qui lui est propre. Pour qu’une série s’installe, il lui faut des enjeux et des adversaires spécifiques, personnels. Ici, au contraire, le lancement de la série répond clairement au besoin de teasing des futurs crossovers. Nous restons donc en partie sur notre faim, dans l’attente d’un récit davantage centré sur cette équipe, au demeurant séduisante et prometteuse.

Rendez-vous prochainement pour le tome cinq, où nous retrouverons les trois ligues de justice pour une aventure commune : Trinity War !

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Justice League T4. Par Goeff Johns, Matt Kindt & David Finch. Traduction Edmond Tourriol. Urban Comics, collection "DC Renaissance". Sortie le 13 juin 2014. 176 pages. 17,50 euros.

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- Lire la chronique du tome 1 de la série
- Lire la chronique du tome 3 de la série

[1Acronyme pour Agents de Recherche sur les Groupes Unissants les Surhumains : agence gouvernementale dont le rôle initial était de faire la liaison avec la Ligue de Justice.

[2Les épisodes contenus dans Justice League T4 sont :
- Justice League of America #1-5 (février à juin 2013)

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