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Justice League of America T0 - Collectif - Urban Comics

Par Guillaume Boutet le 10 juillet 2015                      Lien  
Premier tome d’une nouvelle collection proposant la Ligue de Justice de la fin des années 1990, écrite par Grant Morrison et Mark Waid, cet « Année Un » est un récit des origines efficace et convaincant. Une porte d’entrée parfaite pour cette période si typique qui osait tout avec une grâce presque homérique !

La Ligue de Justice : la plus grande équipe de super-héros du monde et un titre aussi vénérable que fameux, qui rassemble des héros forts connus et d’autres moins, dans des aventures rocambolesques et épiques.

Comptant dans ses membres Superman, Batman, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Aquaman et Le Limier Martien (les Sept Originels), on ne présente plus cette équipe créée par Gardner Fox en 1960, qui reprenait le principe de la Société de Justice (1940-1951 pour sa période originale).

Porte-étendard de l’univers DC Comics, la Ligue de Justice accompagne ses transformations et ses évolutions, et se trouve presque toujours au cœur des grands récits qui l’ébranle et le chamboule.

Justice League of America T0 - Collectif - Urban Comics
Un jeune inconnu au service de nos héros : pas si sûr.
© DC Comics / Urban Comics

C’est ainsi, et sans surprise, que la version The New 52 [1] de la Ligue de Justice fut l’un des titres de lancement d’Urban Comics. Et aujourd’hui l’éditeur nous propose une nouvelle collection qui devrait couvrir celle écrite par Grant Morrison et Mark Waid, lancée à la fin des années 1990.

Il y a de cela peu de temps Urban Comics publiait Legends (1986-1987), un crossover qui faisait suite à Crisis on Infinite Earths (1985), le mythique récit de Marv Wolfman et George Pérez remettant à plat l’univers DC Comics.

Legends lançait une nouvelle version de la Ligue de Justice, plus légère et expérimentale, mettant sous les projecteurs des personnages « neufs » comme Blue Beetle, Buster Gold ou Guy Gardner. Cette « approche » du titre perdura jusqu’au milieu des années 1990 où elle termina annulée, faute de vente.

En 1996 il est décidé de relancer la Ligue de Justice sous une forme plus traditionnelle, en remettant en scène les sept Originels. Ce sont Mark Waid et Fabian Nicieza qui s’en chargent avec la mini-série Justice League : A Midsummer’s Nightmare.

Cependant c’est Grant Morrison qui va prendre en main la série régulière. Il s’agit de sa première série mainstream chez DC Comics. Il avait travaillé jusqu’à ce moment-là pour son label Vertigo (orienté adulte), sur des titres comme Animal Man et Doom Patrol.

Grant Morrison travaille sur la série de 1996 à 2000, et signe une quarantaine de numéros. Mark Waid, qui se chargeait d’écrire des récits annexes et complémentaires, prend sa suite sur une vingtaine de numéros, jusqu’en 2001.

C’est cette période de la Ligue de Justice qu’Urban Comics se propose aujourd’hui de publier, sous le titre de Justice League of America, avec certains de ses évènements comme DC One Million [2].

Et cela débute par un tome 0, un récit des origines écrit par Mark Waid et Brian
Agustyn
 : JLA:Year One… publié en 1998 car ce type d’histoire est souvent réalisé une fois la série bien installée. Le tome contient également un ancien récit court de Grant Morrison qui revient sur l’origine du quartier général des super-héros [3].

La Ligue de Justice en action !
© DC Comics / Urban Comics

Nous découvrons ainsi la création de la Ligue de Justice mais avec comme membres fondateurs de cette itération une équipe singulière. En effet la trinité (Superman, Batman et Wonder Woman) se trouve écartée -et Superman et Batman ne feront ici que quelques apparitions de circonstance.

Cependant cette version ne chamboule pas non plus énormément la tradition : nous retrouvons Flash (Barry Allen), Green Lantern (Hal Jordan), Aquaman (Arthur Curry), le Limier Martien (J’onn J’onzz) auxquels s’ajoute Black Canary (Dinah Lance). Un groupe de cinq super-héros, resserré, qui permet de ne pas s’éparpiller trop et de tisser un jeu de relations et d’échanges particulièrement intense.

J’onn J’onzz sous son apparence humaine : l’inspecteur John Jones.
© DC Comics / Urban Comics

Le scénario de départ est simple : une série d’attaques simultanées d’extraterrestres, que vont affronter séparément nos cinq héros, va les amener à se réunir en tant qu’équipe et créer la Ligue de Justice, sur le modèle de la légendaire Société de Justice, que Black Canary n’a cessé d’admirer dans sa jeunesse.

L’un des aspects qui frappe dans cette histoire c’est le nombre incroyable de références et de clins d’œil qui le parsèment. Entre les brèves mentions dans certains dialogues ou la présence de tel ou tel personnage issu de l’Âge d’Argent [4] le lecteur érudit ne sera plus où donner de la tête !

Pour le néophyte ce sera l’étonnement de voir autant de personnages secondaires s’inviter au cours du récit pour des apparitions plus ou moins importantes. Notons à ce titre la présence surprenante de la Doom Patrol qui donnera un coup de main à la jeune Ligue de Justice lors d’une de ses missions ! Ou encore la présence en pointillé de Vandale Savage, qui prend toute son importance dans le final, et dont la présence s’explique aussi, en partie, pour le rôle crucial qu’il jouera dans DC One Million.

Il faut dire qu’en douze épisodes les scénaristes ont la place de déployer un récit dense et ils ne s’en privent pas. Ainsi même la vie « civile » de nos super-héros est abordée et occupe une place conséquente, autour du fait que leurs activités au sein de la Ligue les accaparent plus que jamais -ce pauvre Barry se retrouver encore plus en retard que d’habitude pour ses rendez-vous avec Iris !

Il y a un bel équilibre entre l’action (et les menaces souvent délirantes qu’ils affrontent) et leurs vies privées, avec à la clé quelques rebondissements bien ficelés. Le traitement des personnages repose quand à lui sur une caractérisation typée : Barry est sérieux, Hal crâneur, Arthur a du mal à appréhender la vie à la surface, J’onn J’onzz est solitaire et secret, et Dinah cherche à trouver sa place dans un monde d’hommes.

Simple comme approche mais particulièrement efficace ici grâce entre autres à des répliques et des réactions toujours parfaitement ajustées et rythmées. Le tout s’inscrit bien évidemment autour de la question de la dynamique de groupe : peuvent-ils travailler ensemble et se faire confiance ?

Le quotidien de la Ligue : monstres et portails dimensionnels !
© DC Comics / Urban Comics

Les seuls véritables bémols que nous pourrions émettre viendraient d’une improbable et peu crédible romance entre deux des membres de la Ligue, ainsi que sur la longueur du récit. La fin se révèle en effet un peu longue, l’intrigue débouchant sur une immense guerre au niveau planétaire et un étrange équilibre entre la Ligue de Justice et tous les autres héros de la Terre -mais en même donne temps lieu à des planches de groupes qui font rêver !

Un album qui joue la carte du classique et tire son épingle du jeu par sa densité et une écriture maîtrisée des personnages, à l’image du trait de Barry Kitson, rétro juste ce qu’il faut pour nous plonger dans une nostalgie jamais ringarde.

Un premier tome convaincant qui préfigure une collection fort alléchante.

Black Canary : relais avec la génération précédente de super-héros.
© DC Comics / Urban Comics

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Justice League of America T0. Scénario : Mark Waid, Brian Agustyn & Grant Morrison. Dessin : Barry Kitson & Curt Swan. Traduction Jean-Marc Lainé. Urban Comics, collection "DC Classiques". Sortie le 5 juin 2015. 352 pages. 28,00 euros.

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[1Redémarrage éditorial de l’univers super-héroïque de DC Comics, qui eut lieu en septembre 2011.

[2Signalons qu’Urban Comics a déjà publié un récit spécial de cette période : Justice League : L’Autre Terre

[3Les épisodes contenus dans Justice League of America T0 : Année Un sont :
- JLA:Year One #1-12 (novembre 1997 à octobre 1998),
- Secret Origins #46 : Ghosts of Stone (octobre 1989).

[4Période de l’histoire des comics allant de 1956 à 1970.

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