Bienvenue dans la vie d’Asaf Hanuka, illustrateur israélien, troisième épisode. Une femme, deux enfants, un appartement à Tel Aviv, mais surtout une imagination fertile qui transforme la moindre activité, réflexion, conversation, en scène surréaliste.
Le journal façon Hanuka, ce sont des planches qui démarrent piano pour plonger vers une chute souvent songeuse, après avoir zigzagué entre des images fantasmatiques. Les expériences américaines de l’auteur lui permettent toutes les audaces. Son impressionnante technique emprunte certes beaucoup aux comics, mais aussi à la veine virtuose des Moebius et consorts. Qu’il s’agisse de se portraiturer avec de multiples variations ou de détailler un décor, Asaf Hanuka brille de tous feux avec son dessin réaliste aux couleurs tranchées.
Au-delà du style et de l’excellence formelle, le personnage touche. Ses angoisses, son autodérision vaguement cafardeuse apparaissent d’autant plus attachantes que le souci pour ses proches qui pointe à chaque page. Les questions politiques sont partout, avec les obsessions sécuritaires propres aux grandes villes du pays. Mais jamais dominantes. Les aspects plus universels comme l’éducation, les relations de couple ou la peur de vieillir occupent une place centrale, et facilitent à la fois l’empathie et la projection.
Avec sa maestria graphique, dopée à la culture SF et super héros, Hanuka offre à nouveau un délire fascinant en 88 pages éclatantes, où la surprise guette à chaque case, sans jamais perdre de vue le besoin de conscience et d’engagement.
(par David TAUGIS)
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