Shinomiya Kaguya est la jeune héritière d’une gigantesque entreprise. Élève de première à l’académie Shûchiin, elle est la vice-présidente du BDE ou bureau des élèves. Miyuki Shirogane est un élève modèle. Lui aussi élève de première à l’académie Shûchiin, c’est à force de travail et d’abnégation qu’il est parvenu au rang de président de l’association. Si au premier abord leur relation est liée à leur activité du bureau, parmi les élèves beaucoup voient ces deux jeunes gens être en couple.
Dans les faits, aucun des deux n’a jamais eu d’intention amoureuse vis-à-vis de l’autre. Néanmoins à force d’entendre les commérages, l’un et l’autre se persuade mutuellement que ces derniers sont vrais. Cependant si c’est le cas, ce sera à l’autre de déclarer sa flamme. En effet en amour il n’y a pas d’équité et celui qui proclame son amour sera forcément en position de faiblesse vis-à-vis de l’autre. Pourtant au bout de six mois, rien ne s’est passé. Dès lors, une joute mentale va démarrer entre les deux jeunes gens afin de faire céder l’autre en premier.
C’est avec un postulat initial naturellement bancal sur l’amour dans la tête des deux jeunes gens que commence ce manga. Sur ces deux premiers tomes chaque chapitre se découpe d’une manière très similaire. Une confrontation mentale, un élément perturbateur généralement comique et enfin la conclusion. De ce fait la lecture se veut assez répétitive dans son déroulé. On assistera principalement à une surenchère de réflexion des personnages afin de prendre le dessus sur l’autre.
Contrairement aux autres comédies romantiques, ici les personnages réfléchissent bien plus qu’ils n’agissent. Tel l’affrontement de Light Yagami et L dans le manga Death Note, nous partons sur une dynamique de bataille intellectuelle entre les deux personnages. La différence ici étant bien sûr le thème choisi. La relative naïveté des personnages donne plutôt l’impression de suivre des collégiens. En dépit des nombreuses scènes de réflexion entre les deux personnages principaux, il ressort un côté ingénu qui peut être une barrière pour l’intérêt donné à l’œuvre.
Ce qui est finalement le plus intéressant, c’est que le manga nous présente Chika Fujiwara, la candide secrétaire du BDE, comme l’héroïne de l’histoire. Cela peut donne à réfléchir sur la trame principale future de l’histoire, qui pour l’instant est en demi-teinte. Le changement de magazine de prépublication entre le premier et le second tome marque les deux premiers chapitres de chacun des tomes en les rendant très similaire. En dehors de quelques exceptions on peut également relever le faible nombre de personnages pour l’instant, ce qui va changer à partir du prochain tome.
En dépit de tout cela le manga connait un important succès. Lauréat du prix Shogakukan en 2019, il bénéficie également de chiffres de ventes plutôt confortables, justifiant les multiples adaptations animées. Comédie romantique qui dénote des récits habituels, le titre reste un excellent choix pour les amateurs. Les lecteurs prendront un malin plaisir à suivre ces jeunes gens qui, sans être nécessairement amoureux, découvre ce sentiment à l’adolescence. Le récit fait ainsi apparaître, des scènes cocasses sur les moyens de prendre psychologiquement le dessus sur l’autre.
(par Romain COMPIEGNE)
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