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Kara : "Cataloguer une oeuvre : c’est rassurant, mais réducteur !" (1/2)

Par Charles-Louis Detournay le 22 mai 2009                      Lien  
Une demi-douzaine d'albums en presque dix ans, Kara est un auteur qui aime peaufiner ses récits, autant qu'il mélange les influences européennes, américaines et asiatiques. Une première interview pour découvrir cet auteur, encore méconnu.

Bien avant le Bleu du Ciel et le Miroir des Alices, le premier album de Kara, Gabrielle paru en 2001 chez Pointe Noire, a vite permis de découvrir sa minutie et son talent. Sous l’aile de Jack Manini (Nécromancy, La Loi du Kanun, Estelle, etc.), il a appris les rudiments du métier, mais c’est au cœur des racines de la BD franco-belges, mêlées à sa fascination de l’Asie et de ses mangas qu’il puise son inspiration. Lever de rideau sur un artiste ... inclassable !

Après des one-shots et un diptyque, vous vous lancez dans un triptyque. Avez-vous de plus en plus confiance en vous pour vous lancer dans des récits plus élaborés ?

Kara : "Cataloguer une oeuvre : c'est rassurant, mais réducteur !" (1/2)Au tout-début, je ne pensais pas vraiment faire de la BD mon métier. C’était un doux rêve, tout au plus. Quand mon premier éditeur m’a donné ma chance, vu que je ne comptais pas m’éterniser dans ce milieu, je me suis concentré sur un one-shot, Gabrielle : une histoire dense qui s’étalait sur 50 planches, un format atypique. Une fois ce rêve accompli, je m’apprêtais à trouver un travail plus « sérieux » quand Mourad Boudjellal m’a appelé personnellement. Il m’a d’abord proposé de me lancer dans un triptyque. Mais l’expérience de Gabrielle m’avait épuisé et je ne me sentais pas prêt pour me lancer sur un si gros projet. Je lui ai donc proposé un diptyque, Le Miroir des Alices. Avec le recul, ce récit aurait peut-être gagné à être développé en trois tomes et c’est pour cela que j’ai décidé de faire un triptyque du Bleu du Ciel, afin de pouvoir fluidifier ma narration, mieux décrire les scènes d’action, les ambiances, pouvoir gérer plus aisément mes sous-intrigues, pousser plus loin mes réflexions, le tout en rendant toujours l’ensemble le plus accessible et intéressant que possible.

Ce mélange des genres est sans doute votre particularité dans un monde d’auteurs qui est souvent fort codifié. Est-ce que le fait de développer des thèmes plus ésotériques dans un genre qui oscille entre comics et mangas vous permet de ne pas limiter votre créativité ?

En primeur du troisième tome, le visage de Dieu !

Tout à fait. Mais, cela soulève un problème récurrent dans la BD occidentale : l’apparence, et c’est justement sur cet aspect que je joue. Par exemple, un album doté d’un graphisme mignon et de personnages aux grands yeux remplis de reflets vous semblera convenir aux enfants ? Et pourtant, je viens de vous décrire le manga Détective Conan, un policier parfois très violent, aux enquêtes d’une complexité clairement inspirée des œuvres d’Agatha Christie ! C’est pareil pour le Miroir des Alices : les couvertures présentant de belles héroïnes laissent à penser qu’il s’agit d’un récit d’Heroïc Fantasy, alors qu’on se situe dans une introspection quasi psychiatrique d’une femme évoluant dans un monde de rêves ! C’est aussi un récit qui ne possède pas de réels « méchants de service », alors que cela est très commun, voire indispensable diront certains, à tous récits de Fantasy.

Sans renoncer à un graphisme porteur, vous voulez aborder aussi bien l’aspect introspectif que l’action au sens propre ?

Ce que je veux dire c’est qu’en Occident, on catalogue facilement des œuvres par genre, alors qu’en manga justement, le mélange des genres est accepté depuis belle lurette. En Occident, une œuvre de Fantasy est forcément un concentré d’action (voir d’action décérébrée), d’aventures destinées à un large public. Alors qu’une œuvre qui se veut philosophique est forcément plus élitiste, plus intéressante certes, mais aussi plus ennuyeuse pour certains. Dans le manga nippon, on peut faire des récit d’aventures avec un fond philosophique (Evangelion), on peut faire du récit social alternant analyse psychologique et humour trash (GTO), on peut faire de l’Heroic Fantasy intelligente, introspective avec un graphisme somptueux et accrocheur (Ubel Blatt). Donc, une BD jolie n’est pas forcément que de l’esbroufe gratuite : on peut croiser du beau, de l’intelligent, de l’émotionnel, etc.

Il y a dix ans, la première planche de Gabrielle

Bien entendu, la recette n’est pas donnée à tous les auteurs, et le cocktail n’est pas facile à doser. Mais lorsque le mélange prend, quel régal ! Les fans d’action sont conquis, les esthètes sont ravis, les intellectuels sont intéressés, et les adeptes de la larme « facile » sont aux anges ! Ne croyez pas que cela soit impossible dans le franco-belge ! Rien que chez Soleil, vous retrouvez Sky Doll, Cross Fire, UW1, etc. Ce sont des bandes dessinées formellement somptueuses, avec de l’action pure, mais aussi des personnages forts et creusés, une intrigue intelligente mais qui sait aussi se faire passionnante, des moments d’émotion lorsque certains personnages souffrent ou rient.

Bref aujourd’hui, avec l’influence des comics, des mangas, du cinéma, du jeu vidéo, de la littérature, le tout porté par ce média qu’est Internet, le mélange des genres est possible dans une seule et même œuvre ! Il faut alors arrêter de cloisonner l’œuvre dans une seule et unique catégorie. Oui identifier une œuvre, la ranger, la cataloguer, c’est quelque chose de pratique, de rassurant, mais c’est aussi réducteur pour celle-ci…

On peut tout de même noter une évolution parmi la demi-douzaine d’albums que vous avez dessinés … ?

Il y a eu trois grandes étapes dans mon évolution graphique.
Tout d’abord, dans Gabrielle, sous la houlette du dessinateur Jack Manini, j’expérimentais l’encrage au pinceau et à la plume avec de grands aplats noirs imprégnés d’un esprit comics et franco-belge, mais avec un design parfois très nippon. Quand je montrais ma BD à un Français, il me disait que mes personnages faisaient très nippons mais que mes décors ressemblaient à de la gravure ! J’ai pris cela comme un compliment. Par contre, quand je montrais ma BD à un auteur où à un journaliste nippon, ils me certifiaient que c’était du 100% franco-belge, à part peut-être les yeux de mes personnages ! Décidément, classer les œuvres rassure tout le monde !
Vers la fin de Gabrielle, j’ai expérimenté une technique peu commune en 2000, celle de ne pas encrer les dessins. Je laissais les dessins au crayon pour ensuite les retoucher sur ordinateur au niveau des contrastes noirs et blancs. Les résultats furent très satisfaisants, ce qui me poussa à l’utiliser pour Le Miroir des Alices. Mon trait s’affina quelque peu, surtout au niveau des personnages. Entre le premier et le second tome, des tierces personnes me disaient que je me lâchais trop au niveau dessin, que je manquais de rigueur dans la construction des personnages. Je me suis rappelé alors ce vieil adage : « Ne cherche pas ton style, cherche à bien faire, et le style viendra de lui-même ! » Résultat quand le second tome est sorti, certains personnages étaient littéralement transformés ! A l’époque je voulais même faire un gag pour expliquer cela : l’histoire se passant dans un monde virtuel, je voulais introduire le fait qu’une mise à jour du moteur graphique avait eu lieu entre les deux albums ! Mais ce gag était destiné avant tout aux fanas de jeux vidéo. C’était un peu trop clin d’œil de geek aux geeks, voire complètement à côté de la plaque par rapport à l’ambiance sombre du récit. Heureusement que je me suis abstenu.

On ressent tout de même une grande influence des décors dans votre dernière série ?

Quand j’ai commencé le Bleu du Ciel, j’ai essayé de peaufiner ma technique en affinant toujours plus mon trait. D’ailleurs, pour le troisième et dernier tome, cela devrait aller encore plus loin. Sans parvenir à la ligne claire, le trait sera normalement très fin et plus réaliste : il permettra de mieux gérer certains détails comme les costumes qui seront encore plus détaillés !

Quant à mes influences nippones, j’essaye de les digérer le mieux possible pour essayer d’en retirer quelque chose de personnel. Quand j’ai commencé, l’influence manga n’était pas quelque chose de noble pour certains et j’ai eu autant de mal à assimiler certains codes graphiques qu’à accepter le les regards des autres. Aujourd’hui je me sens plus à l’aise et j’ai même dans l’idée de me lancer peut-être un jour dans un exercice de style purement manga avec des personnages à grands yeux ! Là encore, le but n’est pas de copier un style académique, mais d’apporter ma patte personnelle.

Concernant vos couleurs, est-ce que toutes sont électroniques, ou seulement certains effets que vous voulez mettre en avant ?

Les couleurs de mes BD sont 100% numériques. J’essaye d’utiliser une palette la plus homogène et la plus « naturelle » possible, tout en préservant un certain côté fait main. Par contre, contrairement à ce que l’on peut croire, tous les effets spéciaux (des hologrammes aux halos) sont tous dessinés « à la main » sur une palette graphique. Certains éléments des hologrammes sont mêmes dessinés sur papier avant d’êtres scannés, puis déformés en 3D sur ordinateur. Les FX crées uniquement sur ordinateur sont très souvent hyper-réalistes, alors qu’avec ma méthode, j’apporte un aspect graphique qui s’incorpore mieux à mon goût à des dessins fait main. C’est d’ailleurs un des aspects qui à été le plus appréciés des lecteurs et des journalistes à propos des nombreux FX du Miroir des Alices. Que le tout forme un ensemble cohérent.

Une fois de plus, vos personnages principaux sont féminins. Trouvez-vous que ’le sexe faible’ comporte plus d’éléments pour échafauder vos personnages ?

C’est plutôt cela. Dans le genre vampirique ou Heroïc Fantasy, les personnages masculins sont plutôt mis en avant, les femmes étant reléguées à des rôles subalternes (pour ne pas dire de faire-valoir). Je suis plus à l’aise aussi avec la psychologie féminine… Du moins avec ce que je crois en connaître. D’ailleurs, à cause de mon pseudonyme androgyne, beaucoup de lecteurs pensaient (et pensent toujours) que j’étais une femme, ou un gothique dandy ! Une lectrice avait même déclaré qu’un homme aurait été incapable de façonner de tels personnages féminins dans une BD ! Bien entendu, je prends tout cela comme un compliment et renforce quelque part mon adage en BD : Méfiez-vous des apparences !

En tous cas, même si je mets en avant de jolies femmes, je creuse toujours leurs personnalités, à la limite même de la psychiatrie pour certaines. Je ne crée pas de personnages parfaits. Au contraire, je renforce leurs défauts pour les rendre le plus humain possible. Pas forcément plus attachants, mais plus authentiques !

Justement, est-ce que les couleurs des yeux de vos personnages sont des indices relevant leurs diverses personnalités ?

Vous y êtes presque ! En fait, j’utilise la couleur des yeux dans deux cas très précis :

1- Pour donner des indices sur les liens de « parentés », ou d’affiliation entres différents personnages. J’ai commencé à utiliser ce système dès mon premier album : Gabrielle. Avez-vous remarqué que les yeux de mes Archanges sont de la même couleur que ceux des démons ? Je vous laisse chercher les liens unissant certains de mes personnages dans mes autres ouvrages.

2- Pour renforcer l’état psychique d’un protagoniste. Par exemple, lorsque Lilith est très en colère, je fais disparaître ses pupilles (la partie noire de l’œil) pour mettre en avant la couleur des iris. Cela déshumanise l’œil et renforce le sentiment exprimé par l’héroïne.

Vos incroyables costumes sont aussi un trait caractéristique de vos albums. Auriez-vous été modiste dans une autre vie ?

En primeur du troisième tome, un nouveau costume pour Deborah

Peut-être ! En tous cas, j’essaye de porter le plus grand soin à ces tenues. Pour moi, un costume doit être pratique, fonctionnel, mais aussi agréable à porter et mettre en valeur son propriétaire. Par exemple, je suis toujours étonné de voir le côté parfois surréaliste de certains costumes moulants de super-héros. Mais où donc Superman range t-il son portefeuille ? Bien entendu, cette dernière question est un gag et les costumes de super-héros ont fait de grands bonds en avant, notamment au travers de certaines très bonnes adaptations cinématographiques. Mais personnellement, je reste tout de même un fan de Tornade (X-Men) dans sa version papier !

Bref, un costume, c’est aussi une identité culturelle et sociale, le descendant d’une lignée d’autres costumes plus anciens, c’est donc une histoire. En ce sens, je me documente toujours énormément. Je croise par exemple des robes russes du 17ème siècle avec d’autres des années folles, des armures du 16ème siècle avec des scaphandres de science-fiction, etc. et je rajoute quelques accessoires (pratiques ou non) pour renforcer l’identité du porteur.

Pour le second volume du Bleu du Ciel, je me suis documenté sur les habits portés à l’époque de Jésus. Le but n’était pas de coller à la réalité à 100%, mais de donner une impression de véracité, de crédibilité à ce que portent les personnages. On peut trouver la robe de Lilith très sexy du fait qu’elle soit fendue, mais n’oubliez pas qu’à cette époque, celle-ci était une tueuse, une combattante implacable qui se devait d’avoir des habits pratiques. Bien entendu, pratique ne veut pas dire austère, il faut donc trouver le bon équilibre entre crédibilité, univers personnel, esthétisme, praticabilité, identité, etc.

Vous pourriez être un des premiers auteurs européens à avoir des fans de Cosplay ?

Je suis très loin d’être le premier ! Déjà lors d’un précédent Japan Expo, Alessandro Barbucci à été juge d’un concours de cosplay de ses propres héroïnes ! Bref, cela fait plaisir quand vous recevez un mail de fans désirant faire un costume tiré d’une de vos œuvres. Dernièrement, deux jeunes femmes se sont manifestées à moi pour que je leur donne quelques conseils sur la réalisation de deux costumes d’une même démone du Bleu du Ciel, et ensuite pour les porter lors d’un salon manga ! Je les ai même accompagnées chez un marchand de tissu et de perruques ! Une sacrée expérience de voir ses héroïnes devenir « réelles » et un honneur aussi. Vous pouvez voir d’ailleurs les voir en photo sur mon site.

Une autre jeune femme a d’ailleurs fait un costume de Marie, l’héroïne de l’album Réalités, où le dessinateur Masa à mis en images de façon merveilleuse le concept suivant : un croisement de scaphandre spatial et de robe 19ème ! Le résultat en à étonné plus d’un, la jeune femme ressemblant de manière très troublante à l’héroïne suscitée !

Vous évoquiez le côté sexy de vos héroïnes. Dans quel domaine voulez-vous les faire évoluer ?

Là encore, comme pour les costumes, le but est de trouver un bon équilibre entre le plaisir des yeux et la crédibilité. Certes, j’essaye de dessiner des héroïnes possédant de belles courbes, mais je ne compte pas les exhiber à chaque page pour attirer le lecteur mâle. Trop de sensualité tue la sensualité. N’oublions pas aussi que le Bleu du Ciel est un récit aux très fortes consonances religieuses, donc il faut aussi agir avec une certaine retenue.

En tout cas, mes premières héroïnes dessinées étaient parfois de vrais garçons manqués ou tout simplement trop jeunes pour arborer des courbes « matures ». Avec Le Miroir des Alices j’ai écouté les conseils de certains amis et collègues et j’ai petit-à-petit essayé de féminiser encore plus mes héroïnes en leurs mettant plus de cils, un peu plus de poitrine (juste ce qu’il faut), plus de hanches et de galbes, etc.

Plus tard, pour d’autres récits futurs et plus grand public, il n’est pas exclu que j’accentue les charmes de mes prochaines héroïnes, mais cela sera avant tout le scénario qui dictera alors ma conduite de dessinateur.

Vous avez réalisé le scénario de Réalités pour Masa. Qu’est-ce qui vous a empêché de garder cette histoire pour vous ?

Au départ, Masa devait travailler sur son propre scénario pour mon premier éditeur, Pointe Noire. Nous étions au tout début du troisième millénaire. Je devais juste superviser la partie artistique du projet, vu que Masa devait s’adapter à un format non manga. Après la fermeture de Pointe Noire, je ne pouvais laisser le talent de Masa en friche et j’ai donc proposé à Soleil de reprendre le projet, qui a accepté sous condition que le projet reparte sur de nouvelles bases : un véritable album grand format entièrement en couleurs et pour lequel je serais aux commandes du scénario ! Il me fallait donc donner à Masa une histoire qui tienne en un volume unique. Dans mes cartons trainaient de nombreux embryons de scénarios, et Réalités était de ceux-là. Comme tous auteurs, notre cerveau bouillonne d’idées mais il nous faudrait plusieurs vies pour toutes les mettre en image (où un studio d’assistants mangakas comme au Japon, et encore ! ). Pour Réalités, je savais que Masa pourrait libérer son plein potentiel et je lui ai confié mon « bébé » en toute confiance.

Auriez-vous envie de reproduire l’expérience avec un autre récit ?

Au final, Masa à su transcender mes idées et apporter les siennes pour un résultat qui a dépassé toutes mes espérances ! Retenter l’expérience à été bien entendu envisagé, mais Masa est depuis devenu illustrateur indépendant et n’a plus le temps actuellement de se consacrer à un projet d’aussi longue haleine. Pour ma part, je suis toujours partant pour retravailler en tant que scénariste pour un dessinateur tiers (de n’importe quel pays d’ailleurs), mais cette fois, celui-ci devra être un auteur complet s’occupant également des couleurs, pour limiter ainsi les intermédiaires et autres intervenants externes.

D’un autre côté, vous n’avez jamais fait vous-même appel à un scénariste !

Il y a de fortes chances pour qu’après ce triptyque, je passe les commandes du scénario à une autre personne. Ceci dans le but de me lancer dans une œuvre plus grand public, voire jeunesse. Mais rien n’est encore fait à ce sujet. Nous y réfléchissons encore avec mon directeur de collection.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Toutes les illustrations sont © Kara - MC Productions.
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