Il y a vingt ans, le chef-d’œuvre de Katsuhiro Otomo explosait à la face du monde. Akira et son univers apocalyptique ouvrit brutalement la porte d’une culture étrangère à nos contrées et devint l’ambassadeur du manga et de l’animation japonaise.
Par la suite, les éditeurs français nous donnèrent l’occasion de découvrir Dômu, l’œuvre ayant précédé Akira, et des longs métrages réalisés par l’auteur (Akira bien sûr, mais aussi Steamboy, Memories ou encore Roujin Z).
Mais Otomo est et restera un personnage très discret. C’est pourquoi ses travaux de jeunesse prirent tout leur temps avant de se trouver rassemblés dans ce recueil. Et après de longues années, grâce à l’aide de quelques intervenants dont les époux Isabelle et Jean Giraud, cette Anthology arrive enfin chez nos libraires. Il aurait été fort dommage qu’il en fut autrement.
En une dizaine de nouvelles, ce volume nous propose de retracer quelques-unes des publications courtes de l’auteur, datées de 1977 à 1981. Indéniablement, l’univers était déjà posé : de la science-fiction, des adolescents rebelles, la solitude des confins inter-galactiques, des machines de guerres et autres pouvoirs surnaturels sont au programme. On y trouve d’ailleurs la nouvelle Fireball qui fut à l’origine de l’œuvre-phare d’Otomo, ainsi que Memories, court récit qui donna naissance par la suite au long métrage éponyme. On peut également y déceler certaines influences, dont celle de Moebius dans Flower.
De plus, ce recueil nous permet de découvrir une autre facette de l’auteur, abandonnée depuis : le burlesque. De Hair, où un groupe de clochards chevelus s’opposent à une société rigide dirigée par les "cheveux courts", jusqu’à That’s Amazing World reprenant quelques classiques occidentaux parodiés de façon purement délirante, Otomo nous confirme l’étendue de ses talents et de ses capacités.
Démontrant la grande maîtrise et l’univers propre dont disposait déjà le mangaka à l’époque, Katsuhiro Otomo Anthology représente un manga indispensable qui trônera fièrement dans toute bonne bédéthèque, à côté de ses grands frères Dômu et Akira.
(par Baptiste Gilleron)
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