Le phénomène Kick-Ass avait déferlé sur le monde du comics tel une nuée de sauterelles sur les récoltes égyptiennes, il y a de ça quelques années, propulsant le créateur Mark Millar en icône des comics indépendants et décomplexés.
La première saison de Kick-Ass parlait vraiment au lecteur, qualifiée à l’époque de série aux super-héros « réalistes » en relation avec la sortie sur grand écran de Watchmen et de l’engouement autour de la version réaliste de Batman par Nolan. Cependant, dans cette deuxième saison, le constat est beaucoup plus mitigé…
Là où le premier volume de la série se moquait ardemment des comics et de ses fans, Millar semble avoir poussé le curseur fort loin, comme dans Wanted, où la débauche de violence et d’immoralité fera frétiller l’adolescent en manque de sa dose de torture porn movie alors que le lecteur adulte sera plutôt accablé par l’indigence du scénario. Car oui, en décrivant un meurtre d’enfants et un viol d’une mineure, Millar a franchi la ligne dangereuse de la provocation à tout prix. Certes, ce n’est pas la première fois que l’on aborde le thème du viol dans ce médium, si l’on se rappelle du martyre de Jason Todd dans Batman.
Cependant, cet événement tragique servait un scénario structuré qui faisait revenir Jason en Red Hood, une sorte de Bat-Punisher, ravagé par son désir de vengeance et cherchant la rédemption pour chaque criminel abattu.
Ici, dans Kick-Ass, cette scène cherche juste à faire du buzz, qui fonctionne, au moment où nous écrivons ces lignes. La mise en avant de cette régression comme argument marketing nous semble contre-productive, alors que les plus grands labels brisent les tabous et font avancer les mentalités dans le monde du comic-book (héros gays, issus de l’immigration, de différentes confessions religieuses…), ce n’est peut-être pas la meilleure façon de vendre sa BD (qui se vendra quand même).
Nous nous arrêtons là, Romita Jr n’étant pas au meilleur de sa forme, alors que l’on annonce qu’il sera le dessinateur de la nouvelle série Captain America. Inquiétant.
(par Antoine Boudet)
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