À la fin d’un très violent run avec Kick-Ass 2, Mark Millar nous avait laissés sur une situation des plus improbables : Hit-Girl va en prison, coffrée par les policiers corrompus de New-York, et Kick-Ass se retrouve livré à lui-même dans sa quête héroïque. Ce troisième et dernier volet reprend exactement la situation là où elle en était : Hit-Girl a laissé des indications et son matériel pour que Kick-Ass et ses amis les apprentis super-héros se débrouillent sans elle, voire osent la faire évader de prison... Devant l’incompétence et la lâcheté de ses compagnons, elle devra attendre.
Bien moins violent et torturé que la précédente aventure, celle qui nous est proposée ici voit Mark Millar prendre le temps de développer de nouveaux enjeux et de nouvelles interactions entre ses personnages. Kick-Ass, désormais diplômé à la sortie du lycée, n’a pas assez de moyens pour poursuivre des études. Débute donc une nouvelle aventure qui vient s’ajouter à ses rêves d’héroïsme : l’entrée dans la vie active et adulte.
Même si nous relevons dans les lignes suivantes que le pan héroïque de cet univers n’a pas été négligé, difficile de ne pas constater que l’auteur met davantage l’accent sur l’évolution de son personnage principal en tant que jeune adulte plutôt que comme leader de justiciers déguisés.
Ainsi, outre l’incontournable découverte du monde du travail (oh, que l’on ne s’inquiète pas, il tombera dans une boîte accueillante pour lui), ce tome est l’occasion pour Kick-Ass de découvrir les joies du flirt.
Lors d’une ronde qui tourne mal, Kick-Ass fait la connaissance de Valérie, une jeune femme de son âge qui travaille en tant qu’infirmière à l’hôpital. Très rapidement, les deux jeunes gens vont tomber amoureux, ce qui permettra à Kick-Ass de faire le point sur l’utilité de son engagement en tant que super-héros. Bien qu’on ne peut plus classique, cette relation est plaisante à suivre, surtout qu’elle permet d’ancrer le récit dans autre chose que le seul univers super-héroïque.
En ce qui concerne l’héroïsme, c’est surtout Hit-Girl qui tire la couverture à elle dans ce recueil : la gamine, jetée pourtant en pâture aux détenus les plus retords de New York, fait régner sa propre loi dans sa prison avec un calme olympien apparent. Les amateurs de ce personnage fort en couleurs seront ravis de ses coups d’éclat, mais on peut tout de même être déçus par la place relativement périphérique qu’elle occupe désormais dan l’intrigue depuis sa prison.
Du côté des mauvais garçons de cet univers, rien ou si peu ne bouge. Mark Millar sort de sa manche un énième frère sans grande originalité à la tête de la mafia italo-américaine et le Mother-Fucker (l’ennemi juré de Kick-Ass) se remet peu à peu de ses blessures sans chercher à reprendre le combat. Rien de bien passionnant à l’horizon, si ce n’est la place qu’occupe désormais dans l’intrigue la honte de la mère du Mother-Fucker devant ses crimes ainsi que les nouveaux coups bas des officiers corrompus de la police new-yorkaise.
Ce premier tome de Kick-Ass 3 est assez plaisant à lire, mais on en attend beaucoup de plus de Mark Millar pour clore cette saga : du panache, du drame, de l’inattendu..., quelque chose qui fasse trembler la douillette situation dans laquelle se retrouvent les différents personnages. Pour ainsi écrire, la guerre civile promise par le titre de ce recueil est bien loin de faire frissonner le lecteur, alors même que Mark Millar avait su le faire en 2006 grâce à son crossover Civil War chez Marvel.
Au moins, Kick-Ass 3 a le fondamental mérite de prouver une nouvelle fois que le dessinateur John Romita Jr n’a pas perdu la main... pourvu que le projet lui tienne à cœur ! Les amateurs de la série retrouveront avec ce recueil le cocktail de violence, d’humour noir et de références sur la culture des Comics qui leur plaît tant, mais il ne faut pas s’attendre à un événement avec cette première partie de la conclusion.
(par Romuald LEFEBVRE)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
![Serge Monfort : « En lisant, l'enfant devient le chien, comme il deviendrait chevalier dans une BD médiévale ! » [INTERVIEW]](local/cache-gd2/07/a53eabf15a5df16adbd03466676855.jpg?1713070409)
