Rassurons les fidèles lecteurs de la série de Mark Millar et de John Romita Jr. : ils ne seront pas (trop) déçus par cet ultime opus.
Remettons un peu en perspective les éléments qui marquent le départ de cette dernière ligne droite : Kick-Ass a rangé le costume pour construire une vie avec sa petite-amie Valérie, Hit-Girl est toujours en prison et est en passe d’être confrontée par le psychologue carcéral à sa mère afin qu’elle stoppe ses pulsions meurtrières, le Motherfucker a échappé de peu à la mort grâce à sa mère (qui voulait au départ le tuer pour nettoyer l’erreur qu’il a été dans sa vie), le dernier frère Genevose en vie magouille pour redorer le blason familial parmi la mafia et les flics corrompus de New-York la jouent désormais pour leur compte en profitant du chaos actuel. Une situation explosive pour clore cette aventure, donc !
Il faut pourtant bien avouer que la première partie de ce dernier recueil sentait le sapin : l’intrigue était plus simpliste que d’ordinaire et les retournements de situation sortis de nulle part. Rien de tel pour faire avancer l’intrigue, mais quelle déception si on apprécie les personnages qui sont spécifiquement à l’origine de tels retournements de vestes...
Toutefois, cette première partie où l’on se demande si tout part à vau-l’eau est sauvée par un efficace flashback narrant l’entraînement de Hit-Girl par Big Daddy, notamment la première fois où le père a obligé la fille à commettre l’irréparable en tuant des délinquants sélectionnés par ses soins. L’effet irréaliste et absurde de ces scènes continue de faire sensation et de conférer un caractère hors-normes au personnage de Hit-Girl.
La seconde partie de l’aventure est quant à elle beaucoup plus plaisante. Millar joue avec minutie des détails que peut repérer le lecteur afin de lui offrir un final détonnant quant à la résolution de l’intrigue générale. Comme le pressent d’ailleurs Kick-Ass, lui et Hit-Girl sont probablement amenés à ne plus se revoir tant les probabilités jouent contre eux avant de se lancer dans la fureur de l’affrontement. De l’action, de l’astuce et un sacré suspense donnent corps à ce final rassasiant pour le lecteur.
L’épilogue quant à lui est de bonne facture. Le lecteur ressent sincèrement que quelque chose a changé et que plus rien n’est comme avant depuis l’aventure de Kick-Ass et de ses compagnons. Millar en profite d’ailleurs pour faire un message positif vis-à-vis de son média de prédilection (tout en nous préparant aux itérations sur grand écran de ses œuvres) et inscrire définitivement les aventures de Kick-Ass dans une filiation spirituelle avec... Batman. Si la caractérisation du personnage de Big Daddy comme un ersatz de la réalité du chevalier noir pouvait nous mettre la puce à l’oreille, tout comme les références placées ça et là sur cet univers, Millar souligne plus volontiers cette filiation dans ce dernier recueil et nous offre une grille de lecture intéressante pour l’ensemble de cette aventure. Alors, qui de Kick-Ass ou de Hit-Girl hérite respectivemnt du rôle de Batman ou de celui de Robin ?
Malgré un départ qui fait craindre le pire, Millar parvient rapidement à barrer le visage de son lecteur d’un sourire. Sa conclusion des aventures de Kick-Ass est efficace, tout comme le travail de Romita Jr. sur les différentes planches. Kick-Ass et Hit-Girl prennent donc leur retraite d’une bien belle manière.
(par Romuald LEFEBVRE)
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