Il aura fallu attendre la sortie en salle de son adaptation cinématographique pour avoir la chance de découvrir ce comics si subversif et insolent.
En mettant en scène Spider-Man, un adolescent qui passe sous le masque, Stan Lee avait tout compris à son époque et aux envies de son jeune lectorat, lassé de lire les aventures d’extraterrestres ou de milliardaires. Mark Millar et John Romita Jr avec le ton si moderne et si juste de leur Kick Ass semblent bien avoir capté quant à eux l’esprit de ce nouveau millénaire.
Les auteurs saisissent à merveille la cruauté, la violence et la sexualité de cet âge à fleur de peau coincé entre l’enfant et l’adulte.
Fan de super-héros et de comics, le jeune Dave Lizewski décide de passer à l’acte. Il se fait un costume à partir d’une combinaison de plongée et part rendre justice dans la rue sous l’identité de Kick Ass. Mais voilà, cette bande dessinée rentre dans le registre « réaliste », donc pas de super-vilains, de pouvoirs ou d’objets magiques mais de grosses raclées en perspective et de longs séjours à l’hôpital. S’associant au Duo flippant Big Daddy et Hit Girl, il part, bien malgré lui, à la chasse d’un parrain de la mafia.
Dominé par les SMS, la recherche de popularité et les comptes Facebook ou Twitter, les personnages évoluent dans un monde amoral et impitoyable bien différents de celui dans lequel les super-héros ont l’habitude d’évoluer. Un monde qui se voudrait finalement plus proche de notre quotidien, donc plus cru.
Couplé au ton brutal et ironique de Millar, John Romita Jr finit de secouer les lecteurs. Il déploie un trait vif et ultra stylisé. Libéré des codes « Marvel », l’identité de son dessin semble réellement aboutie. Sa consommation d’encre rouge s’envole et il n’hésite pas à nous montrer ce que l’on nous cache habituellement : les mises à mort ou les tortures.
C’est tout sauf subtil et on aime ça. À l’image d’un Tarantino pour le cinéma, les deux auteurs livrent un grand cri d’amour pour les comics avec cette puissante œuvre caustique et radicale. Un régal.
(par Mathieu Drouot)
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