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Kid Toussaint : "Avec Holly Ann, je voulais revenir à l’essence de la BD francophone."

Par Christian MISSIA DIO le 18 avril 2015                      Lien  
"La Chèvre sans cornes" est le premier album consacré aux enquêtes de la ravissante mais mystérieuse Holly Ann, dans la moiteur du bayou de la Nouvelle Orléans. Nous avons rencontré son scénariste, Kid Toussaint, qui a bien voulu lever un coin du voile sur son dernier album en date.
Kid Toussaint : "Avec Holly Ann, je voulais revenir à l'essence de la BD francophone."
Holly Ann T1
Holly Ann Tome 1 : La Chèvre sans cornes
Par Stéphane Servain & Kid Toussaint (c) Casterman

Pouvez-vous nous parler de votre nouvelle série Holly Ann ?

Kid Toussaint : C’est une série policière dont je propose un premier cycle de trois albums. Chaque épisode aura une vraie fin, car j’y aurai à chaque fois développé une intrigue indépendante des autres livres du cycle. En procédant ainsi, j’essaie de répondre à la plupart des questions dans cette trilogie, avant de commencer éventuellement un second arc narratif.

Comment est né ce projet ?

Je sortais du diptyque À l’ombre du convoi (dessin : J-M. Beroy, Casterman), un récit historique assez sombre, et je voulais revenir à quelque chose de plus divertissant. J’ai toujours bien aimé les polars et les enquêtes policières, je suis donc parti sur cette piste en me disant que j’allais faire un Sherlock Holmes ou un Hercule Poirot en jupons.

Par la suite, je me suis rendu à la Nouvelle Orléans et j’ai été complètement envoûté par cette ville. C’est vrai que “The Big Easy” [1] est très hype actuellement car cette ville est souvent présente dans les séries TV telles que Treme et les films. Mais William Faulkner et Tennessee Williams écrivaient déjà sur elle, tout comme Anne Rice, qui y a situé plusieurs histoires de vampires, au point que les Américains associent la Nouvelle Orléans aux vampires...

Comment s’est faite la rencontre avec Servain ?

Une fois n’est pas coutume, c’est Casterman qui m’a trouvé un dessinateur. Lors de nos réunions, Reynold Leclercq, mon éditeur, m’a dit qu’il avait quelqu’un pour illustrer mon histoire. La rencontre avec Stéphane Servain s’est faite à Angoulême. Le courant est bien passé entre nous et comme le projet lui a plu, il a accepté de le faire.

Était ce une évidence d’inclure le vaudou dans votre histoire ?

Au début du projet, j’ai fait la liste des éléments auxquels je ne pourrais pas échapper si je devais faire une BD ayant pour cadre la Nouvelles Orléans et le vaudou s’est imposé comme un élément incontournable de cette ville, du moins pour le premier tome. D’ailleurs, ce premier livre a faillit s’intituler “L’enfant vaudou”...

Le vaudou est une religion qui a mauvaise presse... Qu’est ce qui vous a poussé à traiter de ce sujet ?

Je répondrai en deux parties : d’une part, le vaudou est une espèce d’allégorie dans laquelle je fais une espèce de connexion entre cette religion et l’islam dans nos sociétés occidentales. J’ai écrit cette histoire à l’époque où la loi anti-burqa venait juste de passer. J’étais donc parti là-dessus. J’ai mis en scène une population stigmatisée, qui servirait de bouc émissaire dès qu’il y aurait un problème.

d’autre part, le vaudou de la Nouvelle Orléans relève plus du folklore que de la religion proprement dite. Le vaudou de cette région est un mix entre l’animisme de l’Afrique de l’Ouest et la religion catholique. La célèbre prêtresse vaudou Marie Laveau faisait d’ailleurs une espèce de synthèse entre les icônes catholiques et africaines. C’est une religion qui mélange deux cultures.

Je me suis beaucoup intéressé aux cérémonies, aux incantations, etc. Mais cela reste malgré tout du folklore.

Comment décririez-vous Holly Ann ? Quel genre de femme est-elle ?

Holly Ann est pour moi l’incarnation même de “La ville de Naissance du Jazz” car elle est belle, mystérieuse, métissée, forte, perspicace, faussement naïve et faussement indolente.

Quelle était votre ambition ?

Je voulais simplement proposer une série plaisante basée sur les enquêtes policières. Nous espérons que cet album trouvera son public et que nous pourrons faire une série au long cours. En tout cas, les trois premiers tomes sortiront. Nous voulons vraiment installer une série. D’ailleurs, je pense que cela se fera sur la longueur, d’album en album.

Quelle est votre vision du marché de la BD à l’heure où vous lancez une nouvelle série ? Êtes-vous obligé d’en faire plus en tant qu’auteur pour faire la promotion de votre livre ?

C’est vrai que ce n’est pas évident car le marché est ce qu’il est, il y a beaucoup de sorties d’albums chaque mois. Je ne sais pas comment on peut coexister au milieu de toutes ces BD qui sortent.

En ce qui me concerne, j’essaie de répondre au maximum aux sollicitations qui me sont faites, mais c’est aussi parce que j’ai envie de partager, de faire connaitre mon travail. Sinon, j’aurais écrit des journaux intimes au lieu de faire de la BD...

Depuis que je suis dans ce milieu, on m’a beaucoup commandé des diptyques et des one-shots au début mais aujourd’hui, on me demande davantage de séries. On est revenu à l’essence de ce qu’est la BD franco-belge, c’est à dire des séries au long cours mais avec des albums qui se terminent à chaque fois. Chaque album représente une histoire qui se termine à la fin du livre. C’est ce que j’ai fait avec Holly Ann.

Holly Ann Tome 1 : La Chèvre sans cornes
Par Stéphane Servain & Kid Toussaint (c) Casterman

Voir en ligne : Holly Ann sur le site de Casterman

(par Christian MISSIA DIO)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

En médaillon : Kid Toussaint
Crédit photo : Christian Missia Dio

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[1surnom de la Nouvelle Orléans donné à cause de son rythme de vie lent, de son ambiance et sa douceur vivre.

 
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