C’est l’histoire d’un type, dans un futur plus ou moins proche (20, 30, 50 ans ?) qui rentre chez lui après plusieurs années passées à la campagne. Alors évidemment, la ville a changé pendant son absence. Nouveaux quartiers, nouveaux gangs. Mais pour Joe, c’est la même rengaine. Ses activités de voleur espion en tout genre sont toujours aussi nombreuses et lucratives. Et en plus, depuis son retour, il possède une arme secrète d’une efficacité redoutable : un chat. Oui mais pas n’importe quel chat. Terrien J.-J. Chatingsworth III est une sorte d’androïde (de félinoïde ?) qui peut réaliser à peu près tout, pour peu qu’on lui injecte la bonne seringue. Avec lui, Joe compte bien tirer son épingle du jeu dans cette mégapole du futur.
King City fait partie de ces histoires de science-fiction à l’exact opposé des Space Opera qui mêlent chevaliers invincibles et menace pour l’ensemble de l’univers. Joe, le héros de ce feuilleton, est un jeune homme banal, qui trace sa route tranquillement, essayant de joindre les deux bouts dans un environnement difficile. Ses amis sont à son image, certains rôdant même à la limite du pathétique. Quant à ses amours, elles sont bloquées à la case Anna, dont il est séparé depuis son départ de la grande ville. Rien d’extraordinaire dans ces personnages, mais c’est bien là leur principale qualité. Le sentiment d’identification joue à plein.
Brandon Scott Graham fait les choses sérieusement, mais sans se prendre au sérieux. Il réalise ici un album hybride américano-japonais, tant du point de vue du style que du monde qu’il a créé. Sous une apparence de feuilleton de fanzine, King City est bien plus complexe que cela. La profondeur des personnages, la justesse des dialogues, la relative complexité du scénario, les trouvailles du background mais aussi l’inventivité des plans et du découpage font toute la qualité de cette histoire de science-fiction qu’on ne referme pas avant d’être arrivé à la dernière page. Gare à la dépendance ami lecteur.
(par Thierry Lemaire)
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