Imaginez que la lutte pour le trône du Royaume d’Israël soit transformée en lutte de clans dans la mafia new-yorkaise des années 60-70. Imaginez que David soit le chouchou du parrain et qu’il gagne sa place en trucidant joyeusement et sans effort, comme un Tony Montana sous EPO. Imaginez que tous les personnages bibliques liés au souverain apparaissent comme des seconds couteaux prêts à égorger le concurrent. Voilà, vous avez saisi.
Cette transposition sulfureuse et ludique, est portée par un dessin à la serpe qui évoque parfois Bézian, Crécy et Baru par sa volonté de mêler violence et ironie. Pour le lecteur, ça passe ou ça casse. Le tout avec des couleurs ad hoc, aux teintes sombres et sales adaptées à ce décor volontairement sinistre. En parallèle, il convient de souligner l’extrême jeunesse de Singelin, qui n’a pas même 25 ans et qui montre un grand sens du mouvement.
Outre le relatif ennui que peut susciter la lecture de King David, ce récit apparaît parfois piégé par son jeu -plutôt précis-avec les personnages bibliques et saturé de dialogues made in Bronx. On peut également s’interroger sur l’éventuel militantisme des auteurs : la religion provoquerait toujours la haine, les luttes de pouvoir et l’appât du gain.
Le registre se veut humoristique, diront certains. En témoignent des clins d’yeux tels que ce dialogue entre David et Jonathan qui cite une chanson du duo français du même nom, dans les années 80. Ou encore ce "meshugga messer café" (messhugah veut dire "fou" en hébreu). Sans oublier l’appendice avec ces couvertures "Bible remixed" évoquant d’autres pastiches possibles... Encore faudrait-il entrer dans le jeu. Ah j’oubliais : Hendrix se prénommait Jimi, et pas Jimmy. Toujours désagréable de voir écorché un nom aussi capital.
(par David TAUGIS)
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