Il y a une folie chez Sfar, une décontraction qui s’exonère de toute convention narrative. Tout est conçu comme dans un "boeuf" improvisé où la mélopée s’emballe dans un rythme effréné, claquant des cimbales, accumulant les morceaux de bravoures. Il y a évidemment une part de truanderie dans ce spectacle. On sent bien que les Splash Pages sont là comme des respirations, pour que l’auteur reprenne son souffle, et le lecteur avec lui.
Dans cet épisode, Vincenzo tient la vedette. Si Yaacov avance à pas compté pour séduire sa belle, le violoniste s’engage quant à lui, le violon vibrant jusqu’à l’âme, dans un éblouissant numéro de haute voltige.
Certes, pour les amateurs d’ébénisterie stylistique, la façon de faire de Sfar peut déplaire, mais pour tout ceux qui pensent que la création est avant tout la traduction d’une vitalité et d’un état d’esprit, que la sincérité prime en art, Sfar ne peut que satisfaire.
Bien sûr qu’il nous fait son numéro et que, quelquefois, on a l’impression qu’il s’en fiche, mais le résultat est là : c’est puissant, enlevé, malin, unique...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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