Publié à l’origine en 1998, L’Absente est un de ces albums auquel il est difficile de rester indifférent. Pierre Duba y développe une esthétique où l’iconique et le quasi abstrait s’entremêlent, comme se mêlent textes et dessins, de façon aussi variée que réfléchie.
Un homme transporte les cendres de sa femme et les renverse au-dessus d’une voie de chemin de fer. Un autre trouve un carnet et, montant dans un train, passe le voyage à lire ce carnet écrit par une autre femme. L’histoire tient en peu de choses, mais là n’est pas finalement le plus intéressant. Il faut se laisser entraîner par l’auteur et les réflexions de ses personnages, sa peinture d’un paysage qui défile à la vitesse de la locomotive, leurs incertitudes, leurs rêves et leurs souvenirs.
Il faut surtout se plonger dans ce noir et blanc plus évocateur que bien des couleurs, cet équilibre subtil et toujours renouvelé entre ombre et lumière. S’il est évident que le trait de Pierre Duba doit beaucoup à celui d’Edmond Baudoin - celui-ci avait d’ailleurs écrit une introduction courte mais très personnelle à cet album, il est aussi évident que l’auteur cherche ses propres solutions à ses problèmes de représentation du monde et des humeurs.
L’Absente est un album qui réclame du lecteur une certaine attention, une volonté d’apporter de ses propres expériences pour mieux profiter de la richesse visuelle et humaine du travail de l’auteur. C’est également un album qui invite à la relecture et à la contemplation.
(par François Peneaud)
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