Sans doute avez-vous déjà eu l’occasion de tomber sur ces petits fascicules brochés noirs et blancs, chers aux Italiens ? Si ce format est courant chez nos voisins transalpins, le plus terrible personnage de leurs séries fétiches est sans doute l’infâme Diabolik.
Créé en 1962 par les sœurs Angela et Luciana Giussani, Diabolik, le roi de la terreur, connut rapidement le succès. Les dessinateurs se succédèrent pour proposer bientôt un épisode par semaine, tandis que les sœurs Giussani compilèrent toute sorte d’idées pour doper leurs scénarios.
Un ’héros’ à l’âme bien sombre
Il faut dire que le personnage de Diabolik était hors norme pour l’époque : un dangereux malfaiteur qui n’hésitait pas à tuer pour perpétrer ses larcins. Il se déguise pour prendre l’apparence de ses victimes, et n’ai jamais à court de gadgets pour réaliser des vols d’une audace sans pareille.
Avec cette description, vous aurez sans doute pensé à Fantômas ? Les sœurs Giuassani ne s’en cachent pas, elles se sont inspirées du célèbre criminel imaginé par Pierre Souvestre et Marcel Allain. Quitte à même détourner certains mystères du personnage français, en les adaptant à une sauce moderne tels le ’coup du tunnel’ dans Criminels impitoyables proposé dans ce premier tome qui n’est pas sans rappeler le volume 21 de Fantômas : Le Train perdu.
Une édition cartonnée... et en couleurs !
Les Editions Pavesio propose effectivement une nouvelle version des aventures de Diabolik au marché francophone : ils ont repris les aventures considérées comme l’âge d’or du personnage, à partir de l’épisode 100 de décembre 1967. Ces épisodes sont publiés dans leur format originel, et en couleurs, une innovation plutôt rare pour Diabolik. Chaque recueil reprend deux aventures dans l’ordre chronologique, avec une introduction d’une dizaine de pages retraçant l’historique du personnage et de ses auteurs, agrémentée de documents d’époque.
Les premiers recueils présentent un couple de criminels prêts à tout, et même à défier le roi de la terreur, dans le seul but de s’enrichir. Dans une autre aventure, Diabolik tente lui-même de s’emparer une collection d’armes du comte Saval plutôt convoitée, alors que ses proches tentent de le trahir. Ces aventures sont un savant mélange au goût classique de tension, de mystère et de coups de théâtre.
Mais ce qui contribue au charme de la série, ce sont ses personnages secondaires qui sont passés au premier plan, telle la douce mais impitoyable Eva Kant, fiancée et complice de Diabolik. Ils s’opposent tous deux à Altea, compagne de l’inspecteur Ginko, qui traque sans relâche Diabolik, tel un Juve moderne. Des oppositions qui ne manquent pas de saveur, avec une escalade dans l’administration de coups bas !
Même le graphisme sobre et l’attitude parfois raide des personnages participent au charme désuet de la série. Cette nouvelle édition permet de vibrer au rythme des aventures de Diabolik, qui n’a pas perdu son charme sombre. Le premier recueil vient de paraître, alors que le second sortira pour fin juin. On espère juste qu’un petit effort complémentaire sera réalisée afin de pallier à quelques rares fautes de traductions.
"Six tomes sont destinés à sortir chaque année, nous confirme Fulvio Gatti des Editions Pavesio, Nous n’attendons plus que le public pour relancer Diabolik à l’assaut des problèmes les plus complexes !"
Qu’on se le... murmure !
(par Charles-Louis Detournay)
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