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L’Âge d’or de la bande dessinée belge : la collection du Musée des Beaux-Arts de Liège - T. Bellefroid (dir.) - Les Impressions nouvelles

Par Tristan MARTINE le 12 janvier 2015                      Lien  
Reproduisant la plupart des originaux de bande dessinée du Musée des Beaux-Arts de Liège, ce très bel ouvrage n’est pas qu’un simple catalogue des planches du BAL.

Cette institution possède une prestigieuse collection de 104 planches (d’Hergé, Morris, Peyo, Franquin, Comès ou Tillieux, rien moins que ça !) acquises de 1977 à 1979, à une époque où les originaux ne s’arrachaient pas encore à prix d’or. Le format du livre permet d’offrir de grandes reproductions de ces planches aussi magnifiques graphiquement que judicieusement choisies (première apparition emblématique d’Olrik dans La Marque jaune, présence des Schtroumpfs et de Johan et Pirlouit simultanément sur une planche du Sortilège de Maltrochu par exemple).

Le BAL, et on ne peut que l’en féliciter, n’a pas voulu se contenter d’un simple catalogue érudit, comme bien des musées en produisent, généralement aussi descriptif que rébarbatif. Ce volume, richement illustré (une planche reproduite toute les deux pages en moyenne), regroupe également différents articles éclairant et contextualisant ces originaux, de manière concise, claire et intelligente.

L'Âge d'or de la bande dessinée belge : la collection du Musée des Beaux-Arts de Liège - T. Bellefroid (dir.) - Les Impressions nouvelles
Première apparition d’Olrik

Dans une première partie, J.-L. Bocquet commence par résumer efficacement l’histoire de la bande dessinée belgo-française (et non pas franco-belge, pour bien souligner le poids du plat pays dans ce phénomène), montrant par exemple les différences institutionnelles, idéologiques et artistiques entre les écoles de Bruxelles et de Marcinelle.

Puis D. Pasamonik livre une étude précise et fouillée, dates et chiffres à l’appui, de la naissance de l’idée de la bande dessinée comme « neuvième art » et de la marchandisation qui s’en est suivie, en l’envisageant à la fois du point de vue des collectionneurs, des professionnels (galeries, institutions, salles des ventes) et des auteurs eux-mêmes (avec par exemple l’analyse des récentes ventes et donations d’A. Uderzo et de F. Schuiten).

Enfin, Th. Bellefroid s’interroge sur la façon dont on peut exposer une planche. Deux options coexistent : une approche scénographique plus ou moins complexe (jeux de lumière, agrandissements de cases, installations en 3D d’objets issus de la BD) et une approche muséale sobre, avec des originaux éclaboussés de lumière, ce qui met surtout en avant l’aspect graphique au détriment du scénario, d’autant plus qu’on expose souvent des planches sans textes. Il montre les caractéristiques principales d’une bonne scénographie (intégration du son, des lumières, de la vidéo, du parcours, etc.), autant d’éléments que le spectateur ne remarque en théorie pas, du moins quand l’exposition est réussie…

Présence simultanée de Johan et Pirlouit et des Schtroumpfs

Dans une seconde partie, il a été proposé à différentes personnalités belges du monde de la bande dessinée de commenter en une page une planche reproduite en vis-à-vis. Dans le détail, on peut s’étonner des auteurs retenus pour rédiger ces commentaires. À côté de grands noms de la bande dessinée, qu’il s’agisse d’auteurs (Schuiten, Yslaire, Dany, Frank Pé) ou d’éditeurs (F. Niffle), on trouve un nombre important de personnages qui ont beaucoup moins marqué l’histoire du neuvième art, alors que l’on aurait pu s’attendre à trouver des signatures telles que celles de J. Van Hamme ou de J. De Moor par exemple.

Certains choix sont néanmoins très judicieux, comme celui de confier à D. Lapière, l’actuel scénariste de Michel Vaillant, l’analyse d’une planche de la même série, dessinée par J. Graton en 1972 (selon la même logique, Dany, élève de Greg, aurait également pu donner son point de vue sur une planche de son maître).

Les commentaires sont d’inégale valeur : quand ils ne racontent pas leurs souvenirs personnels, parlant davantage d’eux que de la planche qu’ils devraient commenter, certains sont jargonneux et creux, alors que d’autres, à l’inverse, sont très précis et permettent au lecteur de relire sous un angle nouveau la planche, comme c’est le cas de la très bonne analyse de Gaston Lagaffe par Yslaire.

Une des plus belles planches de Tillieux

L’ouvrage sera présenté à la librairie-galerie Brüsel le mercredi 14 janvier à 18h, en présence de Thierry Bellefroid, Olivier Grenson, Didier Pasamonik et de leur éditeur, Benoît Peeters. Il sera présenté le lendemain, le 15 janvier, au Musée des Beaux-Arts de Liège, qui exposera jusqu’au 1er février une sélection de ses meilleures planches originales.

Bref, que vous soyez intéressé par le regard d’auteurs contemporains sur leurs aînés, par des analyses de l’histoire, de la marchandisation ou de l’exposition de la bande dessinée, ou que vous souhaitiez simplement contempler posément des originaux splendides, cet ouvrage est fait pour vous !

(par Tristan MARTINE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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