Antonio Altarriba découvre au moment de la mort de Pétra, sa mère, en 1998, un secret qu’elle aura masqué à tous : un bras blessé dans les premiers instants de sa vie, trace d’un moment de violence passé. Mais lequel ?
Antonio va alors tenter de retrouver le cheminement de cette existence vouée à la religion et au service de l’autre, marquée par un homme, son père Damian, alcoolique et violent, dans une Espagne rurale, aux affres d’un général dictatorial et monarchiste : Franco… Petits et grands hommes de l’Histoire marquent le destin d’une mère ayant vécu un temps où, oui : en Europe, la femme était enfermée et n’avait pas d’existence propre.
Une fois encore, ce merveilleux conteur qu’est Altaribba nous livre un récit dense, poignant, fort, déroulant le fil de ce XXe Siècle espagnol d’une manière finalement inhabituelle : en donnant la parole aux témoins muets, et notamment cette femme, subissant avec courage la dureté de son temps et qui, par sa force dévote, s’émancipe peu à peu de cette violence.
Au service de ce récit nous retrouvons le trait impeccable de Kim qui, à la suite de L’Art de voler, met son encrage et ses lavis d’une grande expressivité, au service de ce destin de femme.
L’Aile Brisée est bien plus qu’une biographie : c’est le puissant témoignage d’une enfant du siècle qui rend enfin la parole à une personne qui ne l’a jamais eue. Elle initie aussi une réflexion, alors que l’auteur entre dans l’âge où l’on doit faire ses adieux à ses parents, sur tout ce que l’on perd, bien au-delà d’un être aimé, quand disparaît l"un de ses proches..
(par Louis GIRARD)
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L’Aile brisée (La Madre Manca) – Par Antonio Altarriba et Kim (traduit de l’espagnol par Alexandra Carrasco) - Denoël Graphic
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