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L’Art et l’histoire de la caricature (nouvelle édition) - Par Laurent Baridon et Martial Guédron - Citadelles & Mazenod

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 11 mai 2016                      Lien  
À un an passé du massacre de Charlie Hebdo, il est toujours nécessaire de placer le travail des auteurs de ce magazine dans une perspective historique, non seulement en termes de dessin, mais aussi de support. C'est ce que s'applique à faire cette nouvelle édition d'un ouvrage de référence classique richement illustré.

Siné, qui vient de casser sa pipe, a sa place dans ce beau livre à la documentation abondante et qui brosse une histoire assez complète et très didactique de la caricature des origines à nos jours.

Déjà présente sur les amphores et sur les ostracons dès avant le IVe siècle av. J.-C., la caricature crée ses codes très tôt. Tout est là déjà : les exagérations grotesques, l’humour grivois, le jeu de mot, l’impertinence -jusques et y compris vis à vis des dieux et des puissants. Le support populaire aussi.

Avec le temps, les artistes s’y intéressent plus ou moins de près. L’effet de réfraction de la caricature -au sens littéral : une "charge" contre quelqu’un- permet d’aborder le sujet par le rire, de déconstruire, d’analyser, de le désincarner au point de susciter des associations d’idées, par le procédé de l’animalisation par exemple : des ennemis se trouvent affublés de têtes d’ânes, par exemple. Avec l’imprimerie, et surtout la diffusion de masse au XIXe siècle qui permet une propagande forte et bariolée au sein d’une Europe des nations qui se déchire, cette diffusion devient internationale.

Tout cela est assez joliment raconté dans un parcours où la censure, les avant-gardes et les conflits sont également évoqués pour aboutir au constat d’une actuelle "crise de la caricature". Car ces dernières années, elle disparaissait de ses supports traditionnels : les journaux.

Le drame de Charlie Hebdo vient illustrer ce paradoxe : alors que le journal se vendait de moins en mois, l’Internet et les réseaux sociaux diffusaient leurs caricatures jusqu’à l’autre bout du monde : "Le dessinateur ne s’adresse plus seulement au lectorat habituel de son journal disent les auteurs. Son dessin peut passer devant les yeux d’une personne d’une autre culture fondée sur d’autres croyances..." Avec comme résultat que "Conscients de la diffusion plus large des images en même temps que des possibilités accrues de leur manipulation par la technologie numérique, les journaux se sont assagis."

Les auteurs ajoutent : "L’histoire récente de la réception de la caricature nous apprend par ailleurs que l’humour, l’ironie, la verve, la satire et la férocité réclament des références et un langage communs", une connivence annihilée par la mondialisation. Ils concluent en rappelant que la caricature, depuis la nuit des temps, a toujours eu à se défendre.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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