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L’Association : Lewis Trondheim raconte sa version l’histoire

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 mars 2011                      Lien  
Dans « L’Association », un ouvrage qui soit paraître chez Delcourt en septembre prochain (coll. Shampooing), Lewis Trondheim, l’un des co-fondateurs du célèbre label alternatif français, raconte sa version de l’histoire de sa création. Histoire de rectifier celle de JC Menu. À quelques jours de l’AG de ses membres, Trondheim en publie quelques pages sur son blog « Petits riens ».

On sait que L’Association vit en ce moment l’une des crises les plus graves de son histoire. En cause : le maintien ou non de Jean-Christophe Menu comme gérant et/ou directeur éditorial. Une Assemblée Générale qui aura lieu à Paris le 11 avril prochain en décidera, davantage dans la volonté de rétablir un fonctionnement normal de la société que de trancher entre les « anti-Menu » et les « pro-Menu ».

Rarement, une AG, un acte en général ordinaire et discret dans le fonctionnement d’une entreprise, aura eu un tel retentissement. C’est la rançon de la gloire. Le label associatif a fêté ses 20 ans l’année dernière et son ascension qui a révélé quelques-uns des grands noms de la BD française des années d’aujourd’hui : Marjane Satrapi, Joann Sfar, Lewis Trondheim, David B, Stanislas ou Emmanuel Guibert, s’est révélée phénoménale.

À qui en attribuer les mérites ? À un collectif sans doute, comme le nom même de l’éditeur le revendique. Qui a fixé ce que JC Menu appelle : « L’Idéal de l’Association » ? Les versions divergent et Lewis Trondheim a bien l’intention de faire entendre sa part de vérité, lui qui était là, au début.

L'Association : Lewis Trondheim raconte sa version l'histoire
Dans cette scène, Trondheim raconte comment le collectif retoque le logo proposé par Menu.

Dans « Petits riens », une collection de moments de sa vie qu’il publie depuis plusieurs années sur son blog et qui fait l’objet de publications en volume dans la collection Shampooing qu’il dirige chez Delcourt, Trondheim raconte avec le talent qu’on lui connaît « sa » version de certains moments historiques de l’Association.

La forme est celle, habituelle de ses carnets, à savoir une transposition de personnages connus et plus ou moins reconnaissables sous la forme d’animaux. Bon nombre de scènes sont parlantes et décrivent bien le caractère collectif de certaines décisions-clés de l’évolution de la structure éditoriale.

Ainsi pour la création du logo. Trondheim montre bien que le célèbre logo co-dessiné par les fondateurs du label, l’une de ses marques de fabrique, n’est pas une idée de JC Menu qui en aurait proposé un tout autre.

Mais d’autres scènes montrent les conflits larvés qui subsistaient en son sein du fait du caractère autocratique de celui qui finit par s’imposer comme son dirigeant.

Ainsi, Trondheim raconte cette réunion entre Menu et les membres éminents de L’Association après que son « modeste dictateur graphique et éditorial » ait tenté en 2002 de créer son propre label « JC Menu éditeur ». Il propose à ses membres les plus célèbres de créer une collection à leur nom, une façon de les écarter de toutes les autres décisions éditoriales. Mais ceux-ci lui retournent la proposition : et si l’on en créait plutôt une au nom de JC Menu ? Une proposition qui le laisse coi.

Plus loin, Trondheim sollicite Sfar pour rendre compte dans ses carnets d’une réunion cruciale de l’Asso. Comme « observateur neutre », précise-t-il. Au moment de publier la scène, Menu imposera à ce qu’elle ne soit pas publiée.

Habile manoeuvre de Menu pour prendre le leadership éditorial. Les autres membres du collectif ne sont pas d’accord.

On sait qu’en 2006, Trondheim, David B, et d’autres fondateurs de l’Asso, de même que des auteurs reconnus comme Sfar avaient fini par claquer la porte du comité éditorial, excédés parle comportement de JC Menu.

En 2009, le label entrait dans une crise financière sans précédent. Fin 2010, avec la fermeture de son diffuseur, le Comptoir des Indépendants et son passage aux Belles Lettres, un plan de licenciements était envisagé qui entraîna une grève en janvier dernier. Ces fondateurs et autres personnalités notoires du catalogue, soucieux de la pérennité du label qui les édite, revinrent aux affaires pour tenter de redresser la situation. Menu parla de « putsch » dont la résolution aura lieu en avril prochain.

Comme on le voit, L’Association a une histoire qui ne manque pas de rebondissements. On a hâte d’en lire les minutes dans la version de Lewis Trondheim, l’un des meilleurs raconteurs d’histoire de sa génération. Vivement septembre !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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17 Messages :
  • Aaah, La Vérité... Aaah l’Objectivité... je pense que si Killofer, ou David B nous donnaient leur version des évènements, nous aurions encore des versions différentes, de nouvelles facettes de la relecture de l’Histoire... Je trouve qu’il y a tout de même beaucoup de médiocrité dans ces règlements de compte, qui dépassent souvent les problèmes rencontrés par les salariés, voir qui les utilisent pour solder leur compte.

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    • Répondu par Belzaran le 28 mars 2011 à  12:42 :

      Une histoire bien malheureuse. En espérant une résolution au plus vite.

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    • Répondu par 43 le 28 mars 2011 à  14:31 :

      Cher Mr Poulet, alors d’abord Killoffer, 2"f" merci et puis vous aurez toutes les versions de l’histoire de l’Asso puisque l’ouvrage est collectif. Ca donnera autre chose que la version officielle. Le rêve serait que chaque membre fondateur fasse ses planches. Oui, y compris Stanislas.

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      • Répondu par Fred Poullet le 28 mars 2011 à  15:04 :

        Cher Mr 43, deux "l" à Poullet, svp.

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    • Répondu par Malo le 28 mars 2011 à  14:37 :

      Il ne s’agit pas que de règlements de compte, je trouve pour ma part intéressant que l’on se penche sur cette partie de la création : l’édition, les rapports humains, les amitiés, les conflits et les contradictions malheureusement inévitables la plupart du temps. Dans le livre annoncé, il est prévu que Killofer et David B., entre autres, nous donnent justement aussi leur point de vue. Espérons juste que tout le monde y mette moins de "passion" que d’habitude...

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      • Répondu par chris64 le 28 mars 2011 à  20:53 :

        De plus, j’ajouterais que Menu a largement donné sa propre version des faits et qu’il est légitime aux autres fondateurs d’en apporter leur version toute aussi partisane certainement mais tout aussi fondée.
        Pour le coté moins de passion, je précise que ce livre était prévu initialement pour les 20 ans de l’Association en contrepoint de la vision de Menu resté au sein de la structure. Les évènements récents ont tout d’abord décalé la sortie du livre et ont encore décalé celle-ci pour que le livre sorte quant le conflit sera réglé.

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  • Un petit message utilitaire à l’intention de Lewis Trondheim : dans la case choisie en accroche de cet article se trouve une belle faute d’orthographe, à corriger avant septembre.

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    • Répondu par Canterbury le 30 mars 2011 à  21:56 :

      Certes, "Menu nous faiT encore le coup..." serait plus correct, mais on envoie ses messages "à l’ATTention de" quelqu’un.

      À puriste, puriste et demi !

      (Ceci dit, vous avez raison : la moindre des choses serait que Trondheim corrige ses fautes avant impression.)

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  • Un livre intitulé L’Association à paraître chez Delcourt, ça ne dérange personne ?

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    • Répondu par Sergio Salma le 30 mars 2011 à  10:07 :

      Après Freddy Lombard chez Magic Strip et aux Humanoïdes associés.

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    • Répondu par Guerlain le 30 mars 2011 à  13:28 :

      Pas plus que la vraie histoire de Futuropolis chez Dargaud...

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      • Répondu par Bakounine le 30 mars 2011 à  17:40 :

        Un Delcourt chez Dargaud ou un Glénat chez Soleil ou un Shampooing à l’Association, ce seraient de bonnes idées de livres, alors ? Mais surtout pas un Futuropolis chez Futuropolis ou quelque chose dan sle même goût, ce ne serait pas assez snob.

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        • Répondu le 3 avril 2011 à  19:11 :

          Il y a bien eu un Futuropolis chez Dargaud et un Spirou chez Champaka.

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  • Cet étalage public de règlements de compte est vraiment minable. C’est très décevant qu’un auteur comme Trondheim ne se consacre pas à retrouver son inventivité plutôt que faire un bouquin pour donner plus de poids à son avis subjectif dans l’affaire l’Association. Et quoi, Menu devrait lui aussi en faire un bouquin pour rétorquer ?

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    • Répondu par Charlus le 30 mars 2011 à  22:19 :

      Il me semble que c’est un hasard du calendrier. Le livre était prévu depuis longtemps (les fondateurs avaient à coeur de fêter les 20 ans). La sortie en a même été repoussée, de façon à ne pas intervenir en pleine grève.

      Quant à la réponse de Menu, il l’a déjà faite par le biais d’un communiqué, il me semble.

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      • Répondu par Asacem le 31 mars 2011 à  21:05 :

        Le fait de poster en ce moment des extraits choisis de ce livre à paraître en septembre 2011(?) sur son blog n’est certainement pas un "hasard du calendrier" pour Trondheim. Il s’agit de préparer les troupes pour l’Assemblée Générale Ordinaire de l’Association (à la pulpe) qui doit avoir lieu le 11 avril prochain.

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  • menu avait eu une bonne idée de logo , l’actuel est très laid, ça me conforte dans l’idée qu’il devrait prendre le total controle de la maison d’édition, comme le ferait n’importe quel éditeur. menu est désigné comme le méchant de l’histoire alors qu’il devait faire tourner la boutique ; c’est injuste.

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