L’Effet-mère et les non-enfants - Par Hélène Defromont - Éditions (...)

L’Effet-mère et les non-enfants - Par Hélène Defromont - Éditions L’Œuf

Par Jorge Sanchez le 21 décembre 2021

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L'Effet-mère et les non-enfants - Par Hélène Defromont - Éditions L'Œuf

Publiée par la maison indépendante L'Œuf, l'autrice et plasticienne Hélène Defromont nous livre un récit intime d'un grand lyrisme, explorant la problématique du désir d'enfant dans ses multiples dimensions, en partant de l'expérience sensible d'une quadragénaire qui narre sa vie de son enfance à nos jours.

L’angoisse liée à la parenté est peut-être, avec celle de la mort, l’une des plus communes et difficiles à aborder, d’autant plus qu’elle revêt un poids symbolique et social considérable, la rendant parfois intolérable.

: © L’Œuf / Hélène Defromont

En particulier, le dernier roman graphique d’Hélène Defromont semble vouloir répondre à la question : comment représenter l’intimité la plus profonde, la plus délicate ? Au fil de ses 168 pages, on revisite son enfance, sa vie sentimentale, les conversations avec sa mère, avec quelques témoignages de ses amis ponctuant certains sujets, tout en gardant la maternité comme épicentre, fil rouge si l’on veut, de ses échanges.

: © L’Œuf / Hélène Defromont

Employant une prose simple et débarrassée de tout baroquisme, elle partage des anecdotes par rapport à son éducation et sa vie en couple. Des moments marquants, telles les premières règles ou les consultations chez le gynécologue, sont présentés avec un certain recul, un questionnement constant par rapport aux raisons derrière chaque rituel qu’elle découvre et l’impact qu’ils ont dans la formation de sa personnalité.

Elle aborde ainsi des « stratégies » pour parvenir à la maternité, tel le couple traditionnel, la PMA ou les unions libres, et s’interroge sur ses propres espoirs de réalisation.

: © L’Œuf / Hélène Defromont

Les images sont sans doute le point fort de ce récit introspectif, puisqu’elles évoluent avec une certaine autonomie vis-à-vis du texte, entre métaphores des faits décrits et cristallisations d’un ressenti parfois intraduisible dans le langage sobre et retenu du livre. Parfois, un trait, un masque ou une simple tache monochrome dégradée couvrent la page entière, forçant le lecteur à trouver/créer les liens elliptiques entre le texte et l’image.

On distingue notamment l’utilisation des valeurs chromatiques, souvent poussées à l’extrême, avec de beaux lavis capables de dévoiler les nuances des ressentis du narrateur vis-à-vis de sujets très délicats, telles les angoisses existentielles ou la peur de la solitude.

Beau et bien construit, L’Effet-mère et les non-enfants nous propose un voyage introspectif et une réflexion sincère, parfois dure, sur la maternité et le rôle qu’elle joue dans la construction de soi-même. Une lecture poétique qui s’accorde bien avec les moments de quiétude de l’hiver.