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L’Envers des nuages - Par Frédéric Richaud et Rafael Ortiz - Glénat

Par Céline Bertiaux le 20 juillet 2018                      Lien  
En Afrique centrale, l'aide humanitaire internationale est plus que nécessaire. Les guerres civiles font rage, et les survivants de massacres échouent dans les camps de réfugiés quand ils ne sont pas enrôlés comme enfants-soldats. Cette bande dessinée imagine une fiction au cœur de cette situation malheureusement bien réelle, et nous en donne un aperçu poignant et très humain.

En pleine guerre civile sur le continent africain, L’Envers des nuages tente de saisir la complexité du conflit et la façon dont il est vécu par les différentes populations en jeu. Pour cela, le scénariste Frédéric Richaud et le dessinateur Rafael Ortiz nous invitent à suivre deux personnages.

L'Envers des nuages - Par Frédéric Richaud et Rafael Ortiz - Glénat
Le lecteur ne découvrira la photo développée qu’à la fin de l’album.

La première page (ci-dessus) nous présente Florence, photo-reporter pour La Tribune de Genève. Ce n’est pas la première fois qu’elle couvre de telles situations puisqu’on apprend qu’elle était reporter de guerre auparavant. Elle est accueillie dans un camp de réfugiés par les travailleurs humanitaires du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Curieuse, empathique, elle cherche avant tout à comprendre ces gens et à rappeler que ce sont avant tout des humains. Un couple de travailleurs l’escorte tout au long de son reportage ; Andrew dit "Doudou" et Anita dite "Coco" sont des personnages secondaires bien sympathiques.

Le récit de Florence laisse la place à celui de Samy, un garçon d’à peine 12 ans. Nous apprenons très vite que sa famille a été tuée lors d’un massacre qui a touché son village. Après ces attaques, les survivants errent dans la nature jusqu’à ce que des combattants rebelles les récupèrent. Ces enfants sont alors entraînés et formés à tuer, à imaginer que la personne en face est le meurtrier de leurs parents. Samy refuse cela, terrifié, et se souvient des préceptes de sa mère : « ne faire que du bien à ceux qui font du mal ». Il ne veut pas tuer et a surtout très peur.

Tous les enfants enrôlés de force ne réagissent pas de la même façon aux pressions exercées contre eux. Certains craquent et obéissent aveuglément, privés de tout autre repère.

Le thème des enfants-soldats n’est pas nouveau dans la bande dessinée. On le retrouve par exemple dans le très bon Ventre de la hyène par Christope Alliel et Clément Baloup, dans Orphelins par Roberto Recchioni, Emiliano Mammucari et Alessandro Bignamini, dans Soldat inconnu par Pat Masioni, dans Le Divin par Boaz Lavie et les frères Hanuka ou encore Tamba, l’enfant soldat par Marion Achard et Yan Dégruel. Le sort de ces enfants enrôlés de force après que leur famille ai été massacrée est un enjeu international majeur et en annexe se trouve un dossier documentaire qui permet d’ancrer cette fiction dans la réalité.

Il est traité avec justesse ici, montrant les pressions exercées sur ces enfants d’une dizaine d’années, menées à la carotte et au bâton. Si la carotte se constitue de séances cinématographiques où ils voient Rambo et de sweats Nike, le bâton relève de la menace de mort, d’humiliations et de tortures psychologiques, comme quand Samy est forcé de jongler avec la tête d’une femme qu’il refusait de tuer. Ainsi, les auteurs n’hésitent pas à représenter la pure horreur dans un vrai parti-pris de réalisme.

« Il y aura toujours mille soleils à l’envers des nuages. »

Mais derrière l’horreur se cache un espoir. Si à sa première apparition, Florence sourit, c’est que la situation n’est pas si désespérée. L’humanitaire n’est pas une cause perdue, le CICR parvient à de vraies miracles. Andrew et Anita réunifient des familles tous les jours, les victimes de la guerre civile trouvent un refuge auprès d’eux. Si c’est parfois un lourd fardeau, l’humanitaire est un pas vers l’autre qui apporte son lot de joie.

L’Envers des nuages est alarmiste, mais il est aussi optimiste : il salue le travail de la Croix-Rouge, montre que les associations humanitaires font la différence. L’intérêt social du travail des journalistes est aussi rappelé ; à travers ses photos-reportages, Florence rappelle qu’au milieu de ce conflit se trouvent des humains et elle sensibilise les pays occidentaux à leur cause.

Finalement, c’est ce que cette bande dessinée fait, en nous plongeant dans l’horreur d’un conflit pas si éloigné que ça...

(par Céline Bertiaux)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782344015605

L’Envers des nuages - Par Frédéric Richaud et Rafael Ortiz - Glénat - Collection Grafica - Format 24x32 cm - 56 pages en couleur - couverture rigide - 14,50 Euros

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