Nous sommes à bord d’un porte-avions américain qui s’apprête à recevoir le président d’un pays africain imaginaire mais très ressemblant -la Xambie- pour recueillir sa reddition. L’amiral Félix, qui vient de mener une opération implacable contre son pays afin de le mettre rapidement à genoux, a une grosse galoche à la général Douglas McAthur et est assez obtus comme lui, sûr de son bon droit et bien décidé à faire rendre gorge à ce petit président qui défie l’Amérique.
En face, le docteur Ita, dirigeant en titre de ce pays qui est toujours resté dans la famine, prix Nobel de chimie et sans doute l’un des biochimistes les plus géniaux de l’histoire de l’humanité. Son domaine, c’est la manipulation génétique et il a créé -en infraction à la charte bioéthique de l’ONU- des êtres qui peuvent s’adapter à un déficit de nourriture -en clair : en mangeant de l’herbe- et par là même s’émanciper des groupes industriels qui régissent la production mondiale de nourriture à leur seul profit. Mais pas seulement : ils peuvent devenir à l’occasion de super-guerriers face à une superpuissance qui tient l’Afrique sous sa coupe réglée avec une technologie guerrière chaque fois plus sophistiquée.
L’album se termine de façon positive mais il pose la question de l’éthique scientifique par rapport au bien commun. On comprend bien le sous-texte d’une histoire qui se passe en Afrique où les Occidentaux, mais aussi les Turcs, les Russes comme les Chinois jouent de leur influence et de leur volonté de contrôle.
Dans cet album, c’est un scientifique africain qui trouve l’issue d’un conflit qui concerne l’humanité. On comprend que le propos vienne de Chine. Reste que Sylvain Runberg -qui habite Copenhague- et son dessinateur -Chinois bien représentatif d’un style « école de Shanghaï »- font là une œuvre universelle qui donne à réfléchir.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Les Futurs de Liu Cixin T. 11 : L’Ère des anges – d’après Liu Cixin, par Sylvain Runberg et Ma Yi – Ed. Delcourt