On pourrait s’attendre à une oeuvre rigoureuse en découvrant l’organisation de ce curieux album de 32 pages : 12 cases par planche du début à la fin, en carrés bien serrés. Le plaisir de plonger dans l’univers en délire de Delmas et Pion se trouve dopé par ce choix esthétique décalé.
L’Extravagant Monsieur Pimus, c’est tout un petit monde qui s’agite en vain, quelque part dans des espaces infimes habituellement réservé aux nuisibles (comme les appellent les grands...) qu’on peut écraser par mégarde dans nos jardins. Plusieurs couples, homos et hétéros, vont vivre de grands bouleversements à grand renfort de déclarations définitives et de secousses musicales. Dans ces espaces insoupçonnés cohabitent bonhommes à grosse tête, culturiste miniature et moustachu, rock star en rôdage et escargot romantique. Un monde où le mêlange hommes/animaux n’est pas une formule. Mais les émotions des personnages, leurs emportements, leurs élans incontrôlés sont les nôtres.
Au passage, le lecteur aura pris une leçon de marketing musical, par l’intermédiaire du succès tout relatif de J.A., qui se voit déjà en Kurt Kobain format mini.
Explorant dans un joyeux délire registres intimistes et scabreux, les auteurs suprennent à chaque page en établissant des liens explosifs entre ces personnages tous minés par la frustration. Les couples se forment et se déforment, et la catastrophe finale venue du monde d’en haut n’apportera pas une conclusion morale, plongeant au contraire les petits héros survivants dans une perplexité qui finira de nous les rendre mémorables.
(par David TAUGIS)
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