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L’Histoire secrète - Tomes 1 à 4 - par Pécau, Kordey, Sudzuka, Geto, Pilipovic & Beau- Delcourt

Par Laurent Boileau le 28 avril 2006                      Lien  
Le [projet est ambitieux->3327], mais à mi-parcours le résultat est mitigé. Si le délai de parution et la qualité d'ensemble ne sont pas à remettre en cause, c'est du côté du scénario même que l'enthousiasme n'apparaît pas. Analyse des quatre premiers albums.

Depuis l’origine du monde, quatre joueurs manipulent le temps pour servir leur soif de pouvoir et de vengeance. Tout à commencé 3.000 ans avant notre ère. Quatre frères et sœurs se voient confier chacun une carte d’ivoire par leur chaman mourant et promettent de ne jamais les utiliser ensemble. Ils comprennent rapidement qu’elles permettent d’agir sur le temps et les éléments. Grisés par leur puissance, ils en viennent à utiliser les ivoires à des fins toutes personnelles, et à travers les âges, à se livrer une lutte fratricide pour la possession des quatre cartes...

L'Histoire secrète - Tomes 1 à 4 - par Pécau, Kordey, Sudzuka, Geto, Pilipovic & Beau- Delcourt
Le Château des Djinns

Les mystérieuses couvertures de Manchu et Vatine sont pleines de promesses. Elles sont une formidable invitation à lire L’Histoire secrète imaginée par Jean-Pierre Pécau. "À la base, cela correspond à la "bible" qui m’a servi à écrire les séries Arcane et Arcane Majeur. J’avais ressenti le besoin d’écrire sur l’origine de ces mystérieuses cartes de tarot qui peuvent influer sur le hasard", nous confiait le scénariste à l’automne dernier. L’auteur a donc imaginé un concept séduisant où il revisite l’histoire en donnant à ces Archontes le rôle de maîtres de l’humanité. La recherche documentaire est très aboutie et le scénario réinterprète l’histoire sur des bases "conspirationnistes", en respectant les faits et gestes de personnages ayant réellement existés. "L’Histoire secrète reprend les bases de l’ésotérisme occidental à travers ses grands thèmes, comme la recherche d’un "roi du monde", ou l’idée que le monde n’a pas été créé par un Dieu de bonté, mais au contraire par Satan... ou enfin le traitement des quatre ivoires "Coupe", "Denier", "Bâton" et "Epée", qui sont les quatre arcanes majeures du tarot et quatre symboles que l’on trouve dans toutes les mythologies occidentales", explique Jean-Pierre Pécau.

La Genèse

Le premier tome, comme son titre l’indique, raconte la genèse de ces quatre ivoires, puis le récit nous promène en Égypte en l’an 1350 avant notre ère. L’intrigue s’appuie sur la destruction de la forteresse d’El Koumma par Pharaon. Nous y croisons Moïse ou Aaron, et le moins que l’on puisse dire, c’est que sans aller jusqu’à qualifier de crédible cet éclairage particulier de faits mythiques, le rôle joué en sous-main par le quatuor est habilement monté.
Le tome deux (Le Château des Djinns) nous propulse treize siècles plus tard, en 1176, et s’intéresse à l’origine du mythe du Graal. Antioche, Jérusalem et Pétra deviennent les lieux d’affrontement des protagonistes.
Ces deux premiers albums sont signés Igor Kordey connu pour son travail sur des comics (X-men, Batman, Predator, Star wars, Smoke...) et qui avait débuté en France aux Humanoïdes Associés. L’auteur, qui réalisera aussi les tomes 6 et 7 de la série, prête son trait réaliste et maîtrise bien son sujet.
Le Graal de Montségur nous ramène sur les berges occidentales de la Méditerranée à Rome, Palerme et Montségur. Le dessin de Goran Sudzuka (qui a d’ailleurs lui aussi réalisé d’excellents comics, non traduits) semble plus conventionnel et manque surtout de détails dans les arrière-plans. Les quelques planches de Geto en couleurs directes contrastent avec le reste de l’album.
Leo Pilipovic se charge du tome 4, Les Clés de Saint-Pierre, où les archontes se disputent le contrôle de l’Église.
Enfin, n’oublions pas le formidable travail de la coloriste Carole Beau, qui tout en s’adaptant au style de chacun, réussit à conserver une cohérence. Chapeau !

Le Graal de Montségur

La qualité du travail de chaque auteur n’est pas à remettre en cause : le soin, l’érudition et le savoir-faire transparaissent dans les pages. Mais si la base est consistante, le résultat n’est pas à la hauteur des espérances. Alors où est le problème ? Un manque de charisme sans doute, une aventure complexe assez peu épique en fait. Tout semble trop carré, voir trop sérieux pour provoquer l’engouement. Une certaine distanciation s’installe à la lecture, ce qui rend l’ensemble assez froid et peu impliquant. Il manque un supplément d’âme pour captiver réellement. Résultat, nous restons frustrés par cette série ambitieuse.

(par Laurent Boileau)

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