C’est un deuxième tome qui peut se lire rapidement ou lentement, selon que le lecteur se laisse entraîner ou non dans la contemplation des merveilleuses planches de Kenji Tsuruta.
En effet les dialogues sont rares, et une fois que Mikura met enfin les pieds sur Electriciteit, notre héroïne aura peu de contact avec la population.
L’intégralité du tome se veut une balade et une exploration d’Electriciteit, une île-cité tenant tout à la fois de Venise que d’un village de Sicile en raison de l’architecture de ses maisons. Un lieu étrange que Mikura parcourt afin de le cartographier tout en faisant face, selon les cas, à la timidité ou à l’hostilité de ses quelques habitants.
Autant dire que l’île légendaire conserve pour le moment tout son mystère et qu’une nouvelle fois le récit oscille entre les états d’âmes de son héroïne et l’illustration de décors pittoresques, laissant dans les deux cas leur interprétation au lecteur.
Moins d’aviation et davantage d’architecture, ainsi peut se résumer le programme de cet album. Il ne va pas sans dire que le travail graphique et narratif de Kenji Tsuruta se révèle une nouvelle fois somptueux, conférant tout son attrait à l’ouvrage.
Selon la sensibilité de chacun le parti-pris sera source d’envoûtemennt ou d’ennui, mais il nous faut admettre que l’ambiance huis-clos dans un lieu aussi uniforme et monotone porte au bout d’un moment préjudice à ce deuxième tome qui se révèle inférieur au premier en termes d’imaginaire.
Un point dommageable surtout lorsqu’il faut attendre si longtemps la suite. En effet, au Japon, six ans se sont écoulés entre les sorties des deux premiers tomes, laissant présager une longue attente pour le suivant, suscitant ainsi une légitime frustration une fois la dernière page tournée. Un magnifique album mais assurément un peu trop léger.
(par Guillaume Boutet)
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L’Île errante T2. Par Kenji Tsuruta. Traduction Geraldine Oudin. Ki-oon, collection "Latitudes". Sortie le 22 mars 2018. 192 pages. 15,00 euros.
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