Avec un titre pareil, on pense à Blaise Cendrars et à la déchéance effarante du général Sutter, le fondateur de la Californie. Mais rien à voir, si ce n’est la dimension inhumaine et destructrice du métal jaune : quand Issaïas débarque avec son oncle au Surinam, sur la frontière de la Guyane française, c’est dans l’espoir de profiter du trafic clandestin d’or dans la forêt amazonienne pour se faire un peu de monnaie rapidement.
Mais c’est compter sans les situations acquises : les Bonis qui "tiennent" ces exploitations et une gestion du personnel qui se réduit à une forme d’esclavage. Une fois enfermé dans la nasse, il faudra toute l’habileté du colibri pour qu’Issaïas s’en sorte...
Dans ce premier volume d’une série de six tomes, Stéphane Piatzszek déploie toute sa puissance narrative au service d’un sujet inédit dans le décor d’une France dont nous ignorons tout : sa géographie, sa sociologie, son économie... Et surtout les rhizomes encore bien vivants d’une histoire coloniale dont les pratiques que l’on croyait d’un autre âge, réservées à des films de fiction, sont pourtant parfaitement contemporaines.
On remarque le brillant travail de Frédéric Bihel qui, dans son approche un peu impressionniste des décors -parfaitement documentés, parvient à rendre le malaise grandissant d’un jeune homme qui découvre peu à peu l’abîme insondable et fatal de l’avidité humaine.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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