« Des tonnes d’or sous la neige », ainsi décrivait-on le Klondike, cette région perdue de l’Alaska, fraîchement vendue par la Russie aux États-Unis, dans les gros titres des journaux en 1897. Il n’en fallu pas plus pour provoquer une ruée vers l’or comme en Oklahoma.
La légende de fortunes colossales amassées en quelques semaines a certainement contribué au peuplement du continent américain par quelques aventuriers certes, mais en majorité par des émigrants naïfs qui quittaient leur pays à cause d’une famine chronique ou encore en raison de troubles sociaux, pogroms ou guerres. Ces gens-là n’avaient pas le choix, et l’âpreté du froid n’était rien comparée à celle de leur vie ordinaire.
Le sujet inspira Jack London, mais aussi Charlie Chaplin dont on sent l’influence dans cet album, comme dans les versions BD de Dupuy & Berberian (Klondike, Milan, 1990), ou de Morris, Fauche & Léturgie (Le Klondike, Lucky Productions, 1996). Ici, il s’agit de l’adaptation du roman de Nicolas Vanier, L’Or sous la neige (2004, XO éditions), un best-seller qui devrait faire l’objet d’une adaptation cinématographique avec Robert Redford à la fin de 2012.
Les séquences les plus emblématiques du Klondike y figurent : la terrible montée du Chilkoot, les nombreuses rixes entre chercheurs d’or, la descente meurtrière du Yukon et des rapides de White Horse et de Miles Canyon, la lutte contre le froid et les loups perdu dans le blizzard, jusqu’à la cabane où le héros est recueilli par un vieillard isolé…
Les frères Stalner, à nouveau après 15 ans, s’appliquent à donner vie à ces héros enfiévrés de métal précieux. Ils arrivent à donner un peu de chaleur à ce désert de neige et de glace que l’on a plaisir à vivre calfeutré dans son fauteuil au creux d’un été un peu frisquet.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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