A la manière des histoires en image de Fluide Glacial ou de Charlie Hebdo, "L’Os du gigot" déroule de courtes tranches de vie qui, chacune, forment des petites saynètes provinciales, soit liées au quotidien des personnages, soit retraçant des épisodes de leur vie.
Malgré l’aspect volontairement désordonné et très libre de ce recueil, on plonge avec plaisir dans ces narrations à la première personne. Les protagonistes sont attachants, leur façon de raconter aussi. Tel ce jeune Marocain qui évoque son quotidien de travail par cette expression : "je photocopie mes journées"... De vrais mots d’auteur ! Parfois, en particulier quand les personnages sont plus jeunes, le ton est à la grossièreté défoulatoire, et c’est franchement drôle. Mais on sent aussi chez Grégory Jarry un vrai souci de témoignage, de mémoire. Les retraités (on se demande d’ailleurs si un même senior ne joue pas tous les rôles, observez les photos !) évoquent le passé avec une force poignante.
Cet album fait certes figure d’OVNI, mais une fois accepté le concept photos/dialogues/voix off, on se sent aussi à l’aise que dans une "vraie" BD. Finalement, tout ça ressemble à un numéro du magazine télé "strip tease". Du social décalé, ludique, et pas anodin.
(par David TAUGIS)
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