Douze heures par jour. Sept jours sur sept. A l’apogée de sa carrière d’auteur pour la télévision, Rod Serling travaillait autant que cela. Bien peu le connaissent en France : il faut avoir vu sur le petit écran des épisodes de La Quatrième Dimension, son oeuvre la plus connue. Première diffusion en 1965, avant quelques retours dans les années 1980. Mais la vie de cet auteur majeur a commencé dans sa bourgade de l’état de New-York, avant un engagement militaire durant la seconde guerre mondiale. Ambitieux, cultivé, Serling avait une vision critique de la société, et utiliser la science-fiction et le fantastique ont été un moyen pour lui de vaincre la censure des grandes chaines de télévision américaines. Il a également participé à des scénarios de cinéma, et même enseigné à l’université de ses débuts, à Antioch.
Koren Shadmi n’avait pas le choix du titre : sans évoquer la série culte, impossible pour le public de s’y retrouver. Pourtant, le visage de Serling était presque plus connu que son nom : il apparaissait à chaque épisode pour présenter l’histoire. D’une facture classique, cette biographie atteint une portée bien plus large qu’un simple portrait de scénariste. Serling avait été traumatisé par les horreurs vécues aux Philippines à la fin de la guerre 39-45. Il avait du batailler pour imposer ses récits. Et travaillait sans cesse.
Au-delà de la finesse des pages, de la justesse des expressions, Shadmi apporte aussi une touche très personnelle : il met en avant la culture juive de Serling pour expliquer certaines de ses inspirations, voire ses complexes. Il n’idéalise pas le personnage, et montre aussi comment de grands auteurs [1] pouvaient travailler avec la télévision dans les années 1950. Et avec une grande élégance, Koren Shadmi se débrouille même pour enrober sa biographie d’une trame typique... de la Quatrième Dimension.
(par David TAUGIS)
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[1] Ray Bradbury notamment