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L’homme qui se laissait pousser la barbe - Par Olivier Schrauwen - Actes Sud/l’AN 2

Par David TAUGIS le 20 janvier 2011                      Lien  
D'abord paru en flamand l'an dernier, ce nouvel opus de l'auteur de Mon Fiston suit la même voie : des histoires sans queue ni tête, qui jouent en permanence avec la logique du lecteur. On peut entrer -ou pas-dans ce délire graphique, mais cet esprit loufoque n'a guère d'équivalent.

Outre sa volonté permanente de sortir des sentiers battus, Olivier Schrauwen a probablement une autre obsession : compliquer le travail des journalistes, chroniqueurs et autre blogueurs spécialistes de BD. Comment résumer ses histoires ? Évoquer son univers ? Bigre. Vaste programme.

Son dessin très coloré oscille entre clarté innocente et variations sans frontières. La propension de l’auteur à sortir de ses propres bribes de scénario le pousse à bousculer son style. Le récit qui donne son titre à l’album en constitue un bon exemple.

La plupart des nouvelles de l’homme qui se laissait pousser la barbe se passent de dialogues, ou en utilisent très peu. Le lecteur doit suivre, tant bien que mal, les délires de Schrauwen.

Chaque saynète s’éloigne de la précédente, preuve d’une inspiration constante, et le dessinateur se permet même de changer de graphisme à l’intérieur de la même histoire.

Tantôt oniriques, tantôt purement ludiques, ces récits baignent dans l’absurde, et le troisième degré. Le monde des rêves est également au programme. Schrauwen semble apprécier particulièrement les situations faussement réalistes, vite rattrapées par les délires les plus fous.

L'homme qui se laissait pousser la barbe - Par Olivier Schrauwen - Actes Sud/l'AN 2

Un tel parti-pris, finalement assez radical, a de quoi rebuter. Pour un certain nombre de lecteurs, l’homme qui se laissait pousser la barbe sera difficile d’accès, voire agaçant. Pour le festival d’Angoulême, c’est une réussite, puisque l’album figure dans la sélection officielle.

(par David TAUGIS)

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5 Messages :
  • Ca m’a rappelé Storeyville de Frank Santoro et je n’ai pas aimé du tout, j’ai trouvé que l’auteur loin d’être dans un délire le surréalisme ou le loufoque, se perdait en chemin, ne savait pas où il allait, ne savait pas intéresser le lecteur.

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  • Un album dans la liste d’Angou, alors qu’il n’était pas officiellement sorti ! Et dont la présence peut étonner ! Jusqu’ici, je ne connaissais pas monsieur Schrauwer, mais j’ai pu depuis voir le livre en librairie... je m’attendais à la dixième merveille du monde, mais je me contenterai éventuellement de l’emprunter à la médiathèque. Le problème des gens qui font ces listes d’albums pouvant gagner des prix, c’est qu’ils veulent se faire remarquer par l’audace de leurs choix, en aucun cas par leur légitimité.

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    • Répondu par MatthieuV le 21 janvier 2011 à  12:46 :

      Vous avez mal lu : cet album est paru l’annee passee, mais pas en francais. Je suppose qu’il a ete remarque par des personnes qui parlent le neerlandais. J’espere que la traduction est fluide et bien faite (ce qui n’est ni chose facile, ni une evidence).

      Au fait, l’homme qui se fait pousser la barbe, c’est Poelvoord ?

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      • Répondu par philippe capart le 21 janvier 2011 à  18:08 :

        "compliquer le travail des journalistes...". AAh si tous les albums pouvaient surprendrent et ne pas correspondrent aux cases biens codifiées de la presse bd (et de beaucoup de des lecteurs) ! La bande dessinée est un média graphique, on ne peut pas tout traduire par des formules littéraires. Si c’était le cas, autant arrêter la bande dessinée. Cela me fait penser à ce prix ridicule de "La meilleur bd adaptable au cinéma" et de ces mises aux cimaises des planches de bd comme si c’étaient des tableaux...

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  • Ne condamnons pas l’auteur trop vite sans avoir lu l’album ! J’avais pour ma part adoré Mon fiston, son premier livre paru en français en 2006, un petit bijou d’humour surréaliste dont le style, véritable ravissement graphique, pastiche avec bonheur Winsor McCay.

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