Outre sa volonté permanente de sortir des sentiers battus, Olivier Schrauwen a probablement une autre obsession : compliquer le travail des journalistes, chroniqueurs et autre blogueurs spécialistes de BD. Comment résumer ses histoires ? Évoquer son univers ? Bigre. Vaste programme.
Son dessin très coloré oscille entre clarté innocente et variations sans frontières. La propension de l’auteur à sortir de ses propres bribes de scénario le pousse à bousculer son style. Le récit qui donne son titre à l’album en constitue un bon exemple.
La plupart des nouvelles de l’homme qui se laissait pousser la barbe se passent de dialogues, ou en utilisent très peu. Le lecteur doit suivre, tant bien que mal, les délires de Schrauwen.
Chaque saynète s’éloigne de la précédente, preuve d’une inspiration constante, et le dessinateur se permet même de changer de graphisme à l’intérieur de la même histoire.
Tantôt oniriques, tantôt purement ludiques, ces récits baignent dans l’absurde, et le troisième degré. Le monde des rêves est également au programme. Schrauwen semble apprécier particulièrement les situations faussement réalistes, vite rattrapées par les délires les plus fous.
Un tel parti-pris, finalement assez radical, a de quoi rebuter. Pour un certain nombre de lecteurs, l’homme qui se laissait pousser la barbe sera difficile d’accès, voire agaçant. Pour le festival d’Angoulême, c’est une réussite, puisque l’album figure dans la sélection officielle.
(par David TAUGIS)
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