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L’image selon Benoit Peeters au Centre Georges Pompidou à Paris

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 septembre 2011                      Lien  
Invité par le Centre Pompidou à partir du du mois d’octobre, le scénariste et essayiste Benoît Peeters revient sur un sujet qui résume bien sa carrière : l’image. De la photographie au cinéma, du récit photographique à la bande dessinée, l’image est, chez Benoît Peeters, le champ d’expérimentation par excellence. Beaubourg lui offre un cycle de rencontres d'octobre à décembre 2011.

La porte d’entrée du scénariste des Cités obscures dans le monde de l’image n’est pas la bande dessinée, comme on aurait pu le croire, mais la photographie. Avec la photographe Marie-Françoise Plissart, ce pur littéraire attiré par le Nouveau Roman et qui passe son diplôme de l’École Pratique des Hautes Études sous la direction de Roland Barthes publie ses premiers « récits photographiques » au mitan des années 1980 : Droit de regards (1985), Le Mauvais Œil (1985) ou Prague (1986).

Son grand saut dans la bande dessinée, on le sait, il le fait d’abord comme essayiste. Il est un des plus brillants commentateur d’Hergé : Le Monde de Tintin (1983), Les Bijoux ravis (1984), Hergé, fils de Tintin (2002) et l’un des analystes les plus sûrs de l’histoire de la bande dessinée : Töpffer, l’invention de la bande dessinée, avec Thierry Groensteen, Hermann, 1994 ou encore Chris Ware : La bande dessinée réinventée, avec Jacques Samson(2010).

L'image selon Benoit Peeters au Centre Georges Pompidou à Paris
"Selon Benoit Peeters" - L’affiche est de François Schuiten, évidemment.

Chez Benoît Peeters, il n’y a ni pédantisme, ni coterie, ni fausse science, même dans ses essais les plus théoriques : Lire la bande dessinée (1991), Écrire l’image, un itinéraire (2009). Son écriture est l’une des plus sûres et des plus remarquables du champ critique de la bande dessinée francophone.

On lui doit aussi des essais sur l’écrivain Paul Valéry (à mon sens, l’une de ses principales références stylistiques), le photographe et caricaturiste Nadar, l’architecte Victor Horta, le cinéaste Alfred Hitchcock et le philosophe Jacques Derrida, chacun à leur manière des stylistes.

Mais il aborde aussi la bande dessinée comme auteur. Avec François Schuiten, il co-réalise son œuvre-monde, Les Cités obscures à partir de 1983, un univers foisonnant qui comporte pas moins de 16 volumes. Avec le dessinateur Frédéric Boilet, il réalise trois albums également pénétrés de photographie, parmi d’autres collaborations.

Benoît Peeters est aussi réalisateur de documentaires, notamment la belle série Comix pour Arte et l’INA. On lui doit plusieurs courts métrages, un moyen métrage (L’Affaire Desombres), un long métrage, Le Dernier Plan et 6h15 d’entretiens avec la grande figure du Nouveau Roman, Alain Robbe-Grillet.

Benoit Peeters est aussi conseiller éditorial aux éditions Casterman et directeur de la maison d’édition indépendante Les Impressions Nouvelles qui publie notamment Aurélia Aurita, Jimmy Beaulieu, Frédéric Boilet, Chantal Montellier et de nombreux essais sur la bande dessinée.

On comprend mieux pourquoi le Centre Georges Pompidou à Paris a décidé de lui confier un cycle de conférences : voici un auteur qui s’intéresse à «  l’affinité entre le visuel et le verbal » qui se cristallise dans l’image séquentielle, qu’elle soit imprimée ou animée sur l’écran.

Son cycle s’intitule : « Au loin s’en vont les images » : « Les images elles-mêmes, dit-il, sont peut-être en train de s’en aller, à force de se liquéfier. Les frontières entre le graphique, le photographique et le numérique ne cessant de se brouiller, l’arrêt sur image reculant au profit du flux, on a sans doute pris le chemin d’une insidieuse liquidation. Mais la mélancolie de la perte devrait les rendre plus désirables encore. »

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Selon Benoît Peeters : Au loin s’en vont les images
Cycles de conférences du 19 octobre au 9 décembre 2011
Centre Pompidou – Beaubourg : Petite salle et Grande salle

-  Mercredi 19 Octobre 2011
19:00 Benoît Peeters, un itinéraire
17h : projection / 19h : dialogue entre Benoît Peeters et Michel Gauthier

-  Lundi 31 Octobre 2011
19:00 Nouvelles métamorphoses de Tintin
18h : projection / 19h : Benoît Peeters avec Jean-Marie Apostolidès, Pierre Sterckx, Benoît Mouchart et Jaco Van Dormael

-  Mercredi 9 Novembre 2011
19:00 Voyages immobiles
18h : projection / 19h : Benoît Peeters avec Marie-Françoise Plissart, Stéphane Lambert et Olivier Smolders

-  Mercredi 16 Novembre 2011
19:00 Paul Valéry en ses images
17h30 : projection / 19h : Benoît Peeters avec William Marx, Luc Dellisse, Jean-Christophe Cambier et Irène Jacob

-  Mercredi 30 Novembre 2011
19:00 Archifictions
17h30 : projection / 19h : Benoît Peeters avec François Schuiten, Philippe Rahm et Didier Faustino

-  Vendredi 9 Décembre 2011
19:00 Chris Ware, inventeur
18h30 : projection / 19h : Benoît Peeters avec Chris Ware, Jacques Samson et Walter Hus

En médaillon : Benoît Peeters. Photo : Charles-Louis Detournay.

 
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7 Messages :
  • L’image selon Benoit Peeters au Centre Georges Pompidou à Paris
    26 septembre 2011 00:33, par Dominique Petitfaux

    On ne peut que se réjouir de ces conférences : Benoît Peeters est (aussi) un excellent pédagogue, qui sait présenter de façon accessible au plus grand nombre les notions les plus subtiles (alors que la tendance en France est plutôt d’avoir recours à un langage obscur pour dissimuler une pensée simple, voire simpliste).

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    • Répondu par Bakounine le 26 septembre 2011 à  08:16 :

      "alors que la tendance en France est plutôt d’avoir recours à un langage obscur pour dissimuler une pensée simple, voire simpliste".

      Simple va à l’essentiel. Simpliste va nulle part. Pourriez-vous préciser votre pensée parce qu’elle me semble obscure ?

      Répondre à ce message

      • Répondu par Dominique Petitfaux le 26 septembre 2011 à  13:50 :

        Cher Mikhaïl Alexandrovitch, par "simple", je voulais dire une réflexion banale, qui ne mérite pas en fait d’être exposée (d’où le pédantisme de la forme pour dissimuler la banalité de la pensée). Quand Sartre, par exemple, dans une formule célèbre, dit que "L’existence précède l’essence", il ne dit rien d’autre que ce sont nos actes qui nous définissent (idée banale), mais il le dit d’une façon qui impressionne les naïfs et séduit les pédants.

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        • Répondu par lola le 27 septembre 2011 à  06:08 :

          Mais alors convoquer Sartre juste pour faire taire la critique cela se situe à quel niveau de pédantisme banal ?

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          • Répondu par Dominique Petitfaux le 27 septembre 2011 à  12:57 :

            Vous m’avez mal lu : par cette citation, je ne voulais pas "faire taire la critique" (!), mais prendre un exemple de formulation hermétique pour exprimer une idée relativement banale. Et en choisissant pour cela la phrase la plus connue d’un des auteurs les plus connus du XXe siècle, je ne pensais pas être suspect de pédantisme. Mais le champ culturel évolue très vite, et cette citation, que tout élève de terminale connaissait autrefois, est peut-être effectivement pédante aujourd’hui ?
            Pour terminer (car je n’ai pas l’intention de continuer à faire des explications de texte de mes propres écrits !), j’aimerais revenir à mon point de départ, et saluer l’excellent travail de Benoît Peeters en faveur de la bande dessinée.

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  • L’image selon Benoit Peeters au Centre Georges Pompidou à Paris
    30 septembre 2011 12:46, par Stéphane Deschamps

    Un petit lien vers la "page officielle" du Centre Pompidou :

    Centre Pompidou - Selon Benoît Peeters

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  • Ce soir "Nouvelles métamorphoses de Tintin".
    Le documentaire "Tintin et Hollywood" était une version sans la voix-off (une erreur), Benoît Peeters nous a donc fait la voix off en live (il avait le texte sur son portable), un plus indubitablement.

    Le débat qui suivait était de haute tenue,Benoît Peeters, Jean-Marie Apostolidès (venu des USA spécialement) et Pierre Sterckx étant parmi les plus passionnants exégètes d’Hergé, et Jaco Van Dormael nous présenta son film non-réalisé d’après Tintin, images du story board à l’appui avec un plaisir partagé. Bref une excellente soirée, j’ai appris plein de trucs.

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