Zandra est une jeune adolescente qui ne supporte plus que son père extrêmement possessif s’immisce dans sa vie privée. Surtout lorsque ce père est un génie mégalomane comme Zorglub, où le moindre baiser avec un garçon à la sortie du cinéma mène les deux tourtereaux à devoir fuir une armée de robots. On sait que Zorglub est aussi un savant maladroit qui provoque des catastrophes en série en voulant la surprotéger.
José Luis Munuera s’était déjà frotté à l’univers de Spirou et Fantasio lorsqu’en 2004, il avait hérité, avec Jean-David Morvan au scénario, à la lourde tâche de succéder à Tome et Janry sur la destinée du groom de Marcinelle. Une reprise moderniste de la série qui, à l’époque avait déconcerté certains.
Lors de cette reprise, il avait déjà eu l’occasion de manier le personnage de Zorglub dans l’album Au source du Z. Depuis, José Luis Munuera mène sa très bonne série de pirates Les Campbell où il peut se frotter seul à l’écriture et à la narration. José Luis Munuera a eu l’idée de cette histoire en souhaitant parler d’un sujet personnel qui lui tient à cœur : la nécessité pour un enfant de se construise sa propre vie. Le personnage de Zorglub ne s’est greffé sur cette histoire que par la suite.
Derrière un scénario qui sur le papier peut paraitre un peu simple, celui d’un père qui empêche son adolescente de flirter avec les garçons, il y a davantage de profondeur qu’on ne le pense puisque Zorglub tente aussi de protéger le secret de l’origine de Zandra, laquelle ménage quelques surprises...
L’album comporte nombre de course-poursuites, d’explosions, ainsi qu’une bonne dose d’humour, notamment dans les dialogues, souvent très fins, très bien écrits et qui constituent une des surprises de cet épisode. José Luis Munuera commence d’ailleurs son histoire avec l’ironie d’un auteur qui sait qu’on l’attend au tournant en effectuant un clin d’œil appuyé aux reprises et spin-offs qui se multiplient dans la bande dessinée et au cinéma et qui sont souvent mal accueillies par le lectorat le plus conservateur, mais aussi par les fans exaspérés qu’on allonge à chaque fois la sauce. Une façon de déminer le terrain avant d’éventuels polémiques à venir sur sa réutilisation d’un des personnages préférés des lecteurs de Franquin.
José Luis Munuera parvient néanmoins à bien cerner le personnage de Zorglub, en lui conférant une dimension inédite. Il est drôle sans être ridicule. La folie des grandeurs qui le caractérise est ici au service d’un sentiment de paternité très humain.
Côté graphisme, les influences stylistiques des mangas et des comics se font nettement sentir. Nous sommes dans un style "mondialisé". Il permet de concilier la nostalgie qu’inspire le personnage et la modernité d’un récit dynamique en prise avec une certaine forme de réalisme. La narration est bien maîtrisée et alterne entre actions folles et des scènes de dialogue qui permettent de poser l’histoire. Les couleurs ne nous épargnent pas leurs tons flashy qui se prêtent bien à la caractérisation des différents personnages.
Cette histoire qui, à la base, devait être unique, dédiée à la collection Le Spirou de... sera finalement une série à part entière. José Luis Munuera et Dupuis ayant considéré que la relation de Zorglub et Zandra constituait un bon sujet de comédie qui avait de l’avenir.
(par Adrien LAURENT)
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