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La BD entre dans la danse

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 11 avril 2008                      Lien  
Croisant de plus en plus les autres arts (concerts de dessins, adaptations au cinéma, au théâtre…) la BD devait finir par rencontrer la danse. Un groupe de chorégraphes a décidé de créer une compagnie, BDanse, dédiée à la rencontre entre la danse et le 9ème art.
La BD entre dans la danse
En Sourdine, d’après Blanquet
Photo : (C) Jean-Claude Carbonne

Les festivals de BD ont du bon, il n’y a pas à dire. Emilio Calcagno est danseur. Il a fait sa carrière dans le Ballet Angelin Preljocaj, est à l’origine de nombreux projets culturels dont plusieurs pièces de danse et est responsable pédagogique du projet européen D.A.N.C.E. (direction artistique Angelin Preljocaj, Frédéric Flamand, William Forsythe et Wayne Mac Gregor). Rien que ça. Il est donc, comme dirait l’autre, « à mille miles de toute terre habitée » par la bande dessinée. Et pourtant, un de ses amis le traîne à un Festival, aux Rencontres du 9ème Art à Aix en Provence. Il aimait bien la BD, mais de là à l’associer à la danse, il y a un pas qui tient du grand jeté. Est-ce l’influence d’une précédente collaboration de Bilal avec Preljocaj ? [1], toujours est-il que pour Emilio, cette association devient une évidence.

Aux cimaises d’une exposition, il découvre le travail de Stéphane Blanquet. C’est un choc. Il propose tout de go au directeur du Festival, et à Blanquet qui est présent, de travailler ensemble. Blanquet aimant la danse, le projet se fait. Comment associe-t-on l’univers de Blanquet, comme chacun sait, un peu « trash », avec un projet « jeune public-tout public » ? Emilio regarde le travail dessiné de Blanquet, mais aussi ses courts métrages. Il retient alors de son univers les aspects « poétiques et ludiques » et crée avec lui En sourdine en s’inspirant de ses courts-métrages. Cela donne l’Oeil et l’Oreille en collaboration avec Olivier Dubois dont ils conçoivent la chorégraphie, tandis que Blanquet imagine les costumes. On y retrouve les personnages décalés de l’auteur du Muscle carabine : « Ses personnages sont toujours un peu saccadés » constate Emilio Calcagno, «  Les costumes de Blanquet sont à la fois très beaux, mais aussi très contraignants pour les danseurs. De cette contrainte-là, il y a une danse qui naît qui a une couleur particulière où l’on reconnaît Calcagno et Dubois, mais aussi le dessinateur. » Ce dernier a été bluffé par le résultat. « Cela reste trash d’une certaine façon convient Calcagno. Là où l’enfant voit une oreille, un adulte devine l’utérus. Il y a une double lecture. »

En sourdine, d’après Blanquet
Photo : (c) Jean-Claude Carbonne

Lors de la présentation au Festival, le public est enthousiaste, mais pas seulement lui : dans la salle, les programmateurs de danse invités passent commande. Quant aux dessinateurs présents, ils y découvrent une nouvelle voie à explorer. Le chorégraphe a un nouveau projet en ligne de mire : le Peter Pan de Régis Loisel. «  Ca a été un travail complètement différent du précédent, mais qui nous a amené à travailler sur le personnage de Peter Pan, et surtout sur sa genèse. Nous nous sommes concentrés sur les relations entre Peter et Pan.  »

Les arts vivants, on le voit à Angoulême, semblent de plus en plus se nourrir de la bande dessinée. « Le monde de la BD a beaucoup changé dernièrement, constate Calcagno. Il s’ouvre de plus en plus. Les autres arts font de même avec elle. D’autres créations croisent la BD : le cinéma, la musique… Je ne suis pas encore arrivé là où je voudrais arriver, nous n’en sommes qu’au deuxième volet. Je prépare une nouvelle création avec Marie Caillou [2]. » Pourquoi Marie Caillou ? « Parce que je préfère les dessinateurs « pointus » aux dessinateurs connus. Il y aura cette fois un dessin interactif avec les danseurs. »

Peter Pan d’après Loisel
Photo : (c) Nathalie Sternalski

Le milieu de la danse réagit avec curiosité, et s’étonne du succès : plus de 55 dates ont d’ores et déjà été signées, avec des tournées à l’étranger : en Italie, en Turquie, en Tunisie… Pas à Angoulême, pour le moment. Le Festival est peut-être trop occupé à promouvoir ses propres spectacles…

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Voir des extraits du spectacle sur le site de BDanse

Le site de Blanquet

Le site de Peter Pan de Loisel (édiitons Vents d’Ouest)

Le site de Marie Caillou

En médaillon : Le chorégraphe Emilio Calcagno. Photo : D. Pasamonik pour (L’Agence BD)

[1Enki Bilal avait dessiné en 1990 les décors et les costumes de Roméo et Juliette de Prokofiev pour son ami Angelin Preljocaj.

[2La dessinatrice et réalisatrice de dessins animés Marie Caillou a un univers proche des mangas. Elle avait réalisé une séquence du film Peur[s] du noir scénarisée par Romain Slocombe.

 
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