Encore un séjour en prison. Valérie Zézé a déjà perdu beaucoup : son boulot de prof de français, une vie stable, des projets... Mais la drogue la tient et la fait replonger à chaque fois : vols d’objets luxueux, avec toujours la même stratégie, se cacher juste avant la fermeture des magasins puis s’enfuir par effraction. Cette fois l’incarcération est plus longue et Zézé (le prénom s’oublie vite entre quatre murs) va trouver un apaisement, spirituel notamment, et toujours entourée de lectures bienfaisantes.
Témoignage vécu par une détenue en Belgique, cette Ballade suit les pas d’une personnalité particulièrement marquante. Les auteures l’ont d’ailleurs accompagnée bien au-delà du projet, jusque dans sa réinsertion en France, dans un environnement aussi étonnant qu’inespéré.
Comme souvent dans cette collection Contre-cœur, axée sur la chronique sociale, le texte est presque supérieur au dessin. Le choix du graphisme, aux couleurs limitées et au style qui peut rappeler Camille Jourdy, limite les précisions et néglige les décors. Il faut accepter ce parti-pris pour entrer dans cet album. Même si Zézé est attachante de bout en bout, elle n’apparaît comme une victime que d’elle-même. Si certains aspects de la misère carcérale apparaissent clairement, l’album reste équilibré et souligne les élans d’humanité des deux côtés des barreaux. L’épilogue ouvre toute une perspective à ce destin brisé, et nous montre une Zézé régénérée, avec cette fois des photos en pleine nature.
(par David TAUGIS)
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