Avec leur format intermédiaire et leur jolie tranche en tissu, ces albums on le look "jeunesse". Mais affichent également une pagination tout public (48 et 64 pages). Et des sujets à plusieurs niveau de lecture : le patrimoine urbain et les politiques de la ville dans l’empire des hauts murs, la quête de l’âme-sœur idéale dans Princesse Libellule cherche prince désespérément.
On est surpris de trouver Simon Hureau, dont le dernier album, Aspic Voisine, poussait loin la provocation, aux commandes d’une histoire de la sorte. Pourtant, l’ouvrage ne date pas d’hier, précédemment paru chez Delcourt en 2006.
Derrière ce rêve de tout gamin, découvrir un endroit "à soi" quasi-secret en s’inventant des règles dignes d’un royaume ancien, on découvre une ville à deux visages, et une thématique très actuelle sur la préservation du patrimoine et la mémoire des cités. Un sujet qui revient d’ailleurs régulièrement dans la production d’Hureau, ses décors se confinant souvent dans cet entre-deux.
L’histoire est plaisante, avec à la fois des sentiments charmants (les premiers bisous) et un délire acidulé qui fera mouche chez les 9-12 ans. Et pour une fois, c’est en couleurs, en l’occurrence sous les pinceaux de Romuald Reutimann.
Le graphisme plein de modernité -et gorgé d’informatique- de Libellule... nous dévoile un style très moderne, dont le dynamisme vient rehausser l’attente désespérée de l’héroïne. Soit une princesse, le nez à la fenêtre, guettant son prince charmant, qui jamais ne vient.... Le moindre signe la fait rugir d’espoir, et les drôles d’oiseaux qui l’entourent peinent à la divertir. Au contraire de sa préceptrice, sujet de ses fines plaisanteries. Guettant sans relâche son preux chevalier, Libellule s’interroge avec angoisse, brassant des ruminations : solitude, complexes, ennui...
Derrière ce grand classique de la romance pré-pubère, Alexandre Arlène glisse des considérations plus universelles (le look) voire profondes : la culture, la morale... De quoi titiller l’intérêt des lecteurs adultes durant 64 pages souvent surprenantes et habillées des dessins et couleurs toniques de Stéphanie Bellat.
Deux ouvrages qui n’auront pas de mal à conquérir les enfants, tandis que les parents, abrités derrière leurs principes éducatifs, ne bouderont pas ces lectures décalées...
(par David TAUGIS)
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