Le cadre de cette histoire se situe dans la New York des années 1930, ville alors en pleine prohibition. À cette époque la jeune cité était au main des grandes familles mafieuses, qui se toléraient tout juste entre elles. Le récit débute avec l’assassinat brutal des parents d’Anthony Poucet, jeune garçon qui du haut de ses 13 ans ne pensait alors qu’à une chose : son amour pour la jeune Anne. Son destin bascule donc ce jour-là et c’est dans ce monde de requins mafieux que le fils Poucet avec ses six autres frères va tenter de survivre.
Dans ce quatrième tome, le jeune Anthony part à Chicago pour sauver Anne, kidnappée par les hommes de main du mafieux le plus affluent de cette partie des États-Unis : Orco. Mais pour s’attaquer à lui, il est obligé d’aller réclamer le soutien de Big Bladwin, le père de 2B, personnage dont il avait réglé son compte dans le deuxième tome : Le Festin des Monstres. Une alliance contre-nature, qui risque de ne pas forcément tourner comme le jeune Poucet aurait pu l’envisager...
Damien Marie et T. Karl offrent un final de toute beauté à leur jeune héros. Toujours dans un univers extrêmement sordide et cruel, Damien Marie nous y livre toutes les pièces du puzzle disséminées dans les tomes précédents, dont l’apogée du combat entre le “petit“ Poucet et les ogres représentés par certains dirigeants de la Mafia [1]. Une conclusion en lien d’ailleurs avec le niveau des autres albums de la série : déroutante, effrayante, voir même particulièrement écœurante. En emmenant Anthony à Chicago et en y ajoutant des personnages historiques comme les célèbres Al Capone et Eliot Ness, Damien Marie joint la fiction des premiers albums à une certaine version de la réalité. Une manière de rendre son récit encore plus intrigant.
Le décalage graphique que continue de proposer T. Karl entre le jeune Anthony, à l’allure de jeune garçon innocent et celles hideuses des chefs mafieux, comme Orco ou Big Baldwin, permet de ressentir encore plus la violence de l’univers mise en scène. Son travail, au découpage dynamique, est semblable aux trois premiers tomes : d’un réalisme bluffant.
La Cuisine du Diable met en scène avec une facilité et une justesse un univers absolument abominable, mais auquel le lecteur se surprend à s’en délecter de manière insidieuse. Avec ce quatrième tome, les auteurs offrent toutes les réponses attendues, toujours crues et révulsantes d’ailleurs.
La Cuisine du Diable s’avère être un excellent thriller qui en marquera plus d’un.
(par Olivier Wurlod)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Voir l’interview vidéo de Damien Marie à propos de
La Cuisine du Diable
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[1] voir le lien au conte dans l’interview de Damien Marie par Laurent Boileau