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La Danse du temps - T1 : Le Baiser du serpent - Igor Baranko - Les Humanoïdes Associés

Par François Peneaud le 20 octobre 2005                      Lien  
L'imagination débordante d'Igor Baranko a encore frappé: cette fois-ci, il nous invite à un voyage dans une uchronie où les Occidentaux ont été chassés des Amériques. Un jeune chasseur va partir dans une aventure qui lui fera percer les secrets de son monde... tout ça pour les beaux yeux de la princesse d'une tribu rivale.

En fait, les choses sont un peu plus compliquées, et un peu moins romantiques - du moins au début.
Quand Quatre-Vents, valeureux chasseur Lakota, enlève la belle Lune-Dans-Les-Nuages, les choses se passent mal : il faut dire qu’un nomade qui enlève une princesse Pawnee, tribu sédentaire et puissante, c’est mal vu. Surtout de l’intrigante Celle-Qui-Ondule-Comme-Un-Serpent, artiste/magicienne et ancienne amante de Quatre-Vents. La fière Pawnee va rapidement perdre la vie, noyée dans les remous de la relation entre les deux anciens amants.
Et c’est là que l’histoire prend un tour vraiment bizarre : Quatre-Vents décide d’aller demander de l’aide aux Paiutes, peuple réputé pouvoir manipuler le temps, et responsables de l’échec dans ce monde de l’invasion des Amériques par les Européens. Quatre-Vents va-t-il réussir à récupérer sa captive ? Ses motivations, a priori purement guerrières, ont-elles évolué ? Et Celle-Qui-Ondule-Comme-Un-Serpent va-t-elle le laisser faire ?

La Danse du temps - T1 : Le Baiser du serpent - Igor Baranko - Les Humanoïdes AssociésIgor Baranko n’en est pas à son coup d’essai. Cet artiste ukrainien, émigré aux États-Unis en 1999, travaille des deux côtés de l’Atlantique : aux éditions Slave Labor Graphics, il a publié deux histoires, Pifitos (2001) et Skaggy The Lost (2002-2003).
Pifitos est un « poème de Homère récemment découvert ». Sous forme de BD... Au moins, il est évident que Baranko ne se prend pas au sérieux en racontant les aventures d’un Grec dont les exploits rivaliseront avec ceux de Jason ou Héraklès, l’humour loufoque en plus.
Pour sa BD suivante, Igor Baranko part chez les Vikings : Skaggy est un guerrier plutôt incompétent mais très motivé, qui va conduire une expédition qui l’amènera chez les Mayas. Là aussi, fantastique et humour « hénaurme » font bon ménage, le côté grotesque des personnages étant aussi bien rendu par le dessin que par leur comportement.

Une page des aventures de Skaggy

L’auteur va ensuite passer de l’autre côté de l’Atlantique pour travailler chez les Humanos, sur une suite à l’Exterminateur 17 de Dionnet et Bilal, avec le scénariste d’origine toujours aux commandes. Deux tomes sur les trois prévus sont pour l’instant sortis. En parallèle, Baranko développe une autre trilogie, L’Empereur Océan (2003-2004), jeu mystico-science-fictionnesque autour d’une Europe d’un futur proche en proie aux appétits d’un nouveau dictateur russe tentant de faire revenir l’esprit de Ghengis Khan pour faire de nouveau déferler sur le monde la Horde du chef mongol. S’opposent à ses visées hégémoniques des moines bouddhistes de la république de Tuva et le dernier des Tchétchènes, rescapé d’un enfer atomique - Baranko règle manifestement ses comptes avec l’ours russe, ce d’une façon à la fois pleine d’humour noire et qui n’est pas sans rappeler la grande époque de Jodorowski. Ces albums pour le marché français lui permettent de développer son dessin pour la couleur, alors que les travaux américains étaient en noir & blanc. Si pour Exterminateur 17, il adopte un style qui n’est pas sans rappeler celui de Bilal, ses travaux couleurs en tant qu’auteur complet le voient revenir à un trait plus proche de ses BD américaines. En tout cas, ses personnages sont toujours très expressifs (et légèrement inquiétants), ses pages étant riches mais jamais figées.

Quelques case de La Danse du temps

La Danse du temps est une nouvelle preuve du talent d’Igor Baranko : les intrigues sont à tiroir, les personnages bien plus riches qu’il n’y paraît au premier abord, et l’agencement des éléments fantastiques est toujours très cohérent et original. Sa volonté de voyager parmi des cultures variées, réelles ou imaginaires, en fait un citoyen du monde, un bel exemple du fait que la mondialisation si décriée peut aussi amener une richesse culturelle accrue.

(par François Peneaud)

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