Igor Baranko est un sadique. Cela dit en toute admiration.
Dans ce troisième volume, de nombreuses réponses aux interrogations des lecteurs sont apportées, mais la fin est tellement ouverte que l’on en vient à souhaiter que l’auteur ukrainien nous ramène un jour dans ces Amériques d’où les Blancs ont disparu suite à une opération temporelle magique de la part d’une tribu indienne.
Le Lakota Quatre-Vents est poursuivi par Lune-dans-les-nuages, la reine Pawnee qui fut sa femme... ce qui n’apporta le bonheur ni à l’un ni à l’autre. Mais le guerrier a trouvé le chemin des Iroquois, peuple mené par un mystérieux trio de reines masquées, dont il va percer petit à petit le monstrueux secret. Quatre-Vents a beau être décidé à demander de l’aide aux grands navigateurs que sont les Iroquois pour traverser l’océan et aller découvrir le pays des Wasicus, les fameux Blancs disparus depuis longtemps, il va découvrir que ceux-ci n’ont pas été les seuls à subir l’influence de la Danse du Temps...
Dans cette très originale trilogie, Igor Baranko a su mélanger les cultures de différentes tribus indiennes ("Wasicu" est un mot entre autres Lakota qui signifie "non-indien"), leurs légendes (celles des Iroquois sont dans ce troisième tome très présentes), et sa fertile imagination, pour écrire une histoire qui flirte à la fois avec le fantastique et la science-fiction.
Il a su également créer des personnages crédibles à la psychologie très spécifique, leur donnant vie et chair grâce à une mise en scène qui fait la part belle à la création de décors à la fois imaginaires et réalistes. Si des civilisations indiennes avaient continué à exister, elles auraient peut-être ressemblé à cela.
Que ce soit par l’intrigue elle-même ou par l’esthétique développée, le lecteur est, littéralement, dépaysé.
Or donc, Igor Baranko est un sadique. Et comme tout bon sadique, il sait la valeur de l’attente. C’est probablement pourquoi il a bien l’intention de nous faire découvrir la suite des voyages de Quatre-Vents, mais pas tout de suite. Entre-temps, il nous projettera dans l’Ancienne Égypte, pour un de ses détonnants mélanges dont il a le secret.
(par François Peneaud)
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