« Tout, tout de suite et moins cher ! Chacun pour ma gueule et ma gueule en premier ! Ceci n’est pas un slogan politique, c’est l’histoire de ma vie. La vie d’un homme qui travaille plus pour dépenser plus », voilà la profession de foi de monsieur Legroin.
Annonçons tout de suite la couleur : cette famille dressée comme un archétype sociétal est insupportable. Composée des deux parents, d’une fille et d’un fils, blancs bien entendu, ils sont incultes, racistes et complétement débiles. On a rapidement envie de leur coller des baffes.
Abreuvés de culture poubelle, ils appréhendent le monde, sûrs de leur vérité, par le petit bout de la lorgnette. Ils construisent leurs certitudes sur un amalgame d’informations incomprises et non assimilées. Lindingre assemble dans cette famille toute la bêtise de ce monde : la télévision et les gadgets (chers de préférence) comme meilleurs amis, racisme, supériorité du paraître, QI atrophié et culture de masse. Une famille référence dans le formatage des cerveaux.
Néanmoins, cette famille est le produit d’une société (la nôtre) dont nous ne trouvons pas ici la trace d’une critique plus profonde des causes, seulement une constatation des effets délétères de notre civilisation. C’est un peu court. La problématique sociale est absente.
In Fine, la description de ces travers finit par lasser quelque peu. Aucun rebond sur ces saynètes qui en deviennent imbuvables. Cette simple constatation ne nous exhorte à rien. L’impact est dès lors proche du néant et fait entrer l’ouvrage dans ce qu’il dénonce : le flux continu de la culture pré-mâchée et pré-digérée, prête à consommer puis à jeter.
On regrette que le titre tienne si peu ses promesses. On pouvait s’attendre à une BD plus impliquée dans son propos, socialement et politiquement. Peut-être en poussant davantage le raisonnement sur la culture de masse abrutissante ou sur la mythologie attaché au travail, à l’utilité et au rendement social.
Voici donc une dénonciation sans conséquence. Le dessin n’étant pas son point fort, les grossiers faciès de cochon sont là pour apporter une dimension fabuliste à l’ouvrage, mais pour quelle morale ?
(par Vincent GAUTHIER)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion