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La France invitée d’honneur de la Foire du livre de Francfort

Par Tristan MARTINE le 10 octobre 2017                      Lien  
Est inaugurée aujourd’hui la Foire du livre de Francfort, dont la France est cette année l’invité d’honneur, ce qui permet d’offrir à la bande dessinée française une exceptionnelle vitrine lors de ce salon qui est le principal rendez-vous de l’édition au niveau mondial.

Ce mardi 10 octobre, Angela Merkel et Emmanuel Macron inaugurent ensemble la « Buchmesse » 2017 de Francfort-sur-le-Main. Leur présence conjointe est révélatrice : ce salon du livre est le plus important à l’échelle mondiale et constitue le rendez-vous annuel incontournable du monde de l’édition dans toute sa diversité. Cette foire professionnelle accueille plus de 7 150 exposants issus de 106 pays, près de 278 000 visiteurs et plus de 4 000 animations.

Chaque année, un pays est « invité d’honneur », ce qui permet au public de la foire de découvrir de manière variée le marché du livre, la littérature et la culture du pays. Il s’agit, en 2017, de la France : sous la bannière « Francfort en français / Frankfurt auf französisch », 180 auteures et auteurs de langue française sont attendus à Francfort et 300 événements seront organisés sur différents sites, non seulement au sein du pavillon français, mais aussi dans l’ensemble de la région francfortoise. La langue française, parlée par 274 millions de personnes sur les cinq continents, sera au cœur de ce programme, ce qui passe par une collaboration étroite avec les institutions culturelles d’autres régions, notamment de la Wallonie et de la Suisse.

La France invitée d'honneur de la Foire du livre de Francfort
Les organisatrices de l’exposition Beate Zekorn (directrice du Musée Struwwelpeter) et Dominique Petre (chargée de mission culturelle de l’IFRA / Institut français Frankfurt)

L’IFRA-SHS (Institut Français de Francfort) organise ainsi différents évènements, comme par exemple une conférence avec l’historien Patrick Boucheron (Histoire nationale ou histoire mondiale ? Remarques sur une fausse alternative - Campus Westend, 11 octobre à 19h) ou encore une exposition consacrée à Struwwelpeter, personnage d’albums illustrés pour les enfants qui est apparu dans les années 1840, sous la plume du psychiatre francfortois Heinrich Hoffmann.

Ce gamin, connu en France sous le nom de « Crasse-Tignasse », est un grand classique en Allemagne, où on le considère comme l’ancêtre de la bande dessinée. L’exposition présentée au Musée Stuwwelpeter de Francfort comprend la relecture par quatorze illustrateurs francophones de la figure du Struwwelpeter. Ces différentes œuvres, proposées par des auteurs comme Marc Boutavant (France), Anne Brouillard (Belgique), Marianne Dubuc (Canada), Chen Jiang Hong (France), Emmanuelle Houdart (Suisse) ou Edouard Manceau (France), vont de l’illustration classique à l’objet en trois dimensions. Cette exposition « Struwwelpeter recoiffé  », conçue de manière bilingue allemand/français pour mieux faire connaître la littérature de jeunesse des deux côtés du Rhin, est visible jusqu’au 28 février, avant de voyager, notamment au Goethe Institut de Lyon, puis à celui de Toulouse (dans le cadre du Festival Graphéine).

© M. Boutavant
© Chen Jiang Hong

Concernant plus spécifiquement la bande dessinée, le programme est également très ambitieux. Il a été élaboré sous la direction de Mathieu Diez, nommé conseiller artistique bande dessinée de cette Buchmesse 2017 et qui a transposé à Francfort ce qui fait la recette du Lyon BD Festival qu’il dirige, à savoir une foule d’activités diverses en des lieux multiples à travers la ville de Francfort, notamment pour le Festival OFF, Open Books.

Plus de 20 auteurs et autrices de bande dessinée et de roman graphique représenteront le 9e Art au sein de Francfort en français. Ils et elles reflètent la richesse et la diversité que connaissent aujourd’hui les littératures graphiques. Ont été invités des auteurs de grande renommée, comme Zep, Jean-Claude Mézières, Guy Delisle, Riad Sattouf ou Catherine Meurisse, ou encore les auteurs actuels de Spirou (Yoann) et d’Astérix (Jean Yves Ferri, Didier Conrad) ; mais aussi d’autres issus de la scène indépendante, comme Marc-Antoine Mathieu ; en devenir, comme Fabien Toulmé, Cy ou Erwann Surcouf, avec – tropisme lyonnais oblige – un gros contingent d’auteurs issus de la capitale des Gaules, comme J.-C. Deveney, Guillaume Long, Nicolas Wild ou Aurélie Neyret.

© Philémon Braun / Francfort en français

Pas moins de 52 rencontres sont programmées. Cela comprend bien sûr quelques séances de dédicaces, mais cela est très minoritaire. Il s’agit plutôt de rencontres-ateliers avec différents auteurs, durant lesquelles ces derniers pourront présenter leurs œuvres et leurs techniques de travail, mais aussi de discussions autour de différentes thématiques. Ainsi Riad Sattouf rencontrera son traducteur allemand, Ulrich Pröfrock (15 octobre, 14h) et, de manière plus générale, de nombreuses rencontres entre un auteur français et un autre allemand auront lieu (Fabien Toulmé et Lukas Kummer, 11 octobre, 18h30 ; Erwann Surcouf et Katharina Greve, 12 octobre, 18h30). Des séances thématiques sont également organisées (La Nouvelle Bande Dessinée arabe ; Nouvelles formes de transmission des savoirs ; BD-documentaire d’Europe ; etc).

Trois expositions sont présentées. La première, sous la direction de Thierry Groensteen, présente l’état actuel de la bande dessinée d’expression française, en présentant des originaux de 24 grands auteurs contemporains, issus de genres très différents (Pavillon français). La deuxième est l’exposition Héro(ïne)s qui avait connu une première vie lyonnaise, et qui réunit des dessins d’une vingtaine d’auteurs détournant des couvertures pour faire réfléchir sur le genre et ses représentations dans le neuvième art. Elle est complétée par de nouveaux dessins issus de la scène allemande (« Held(inn)en - Die Darstellung des Weiblichen im Comic », Haus am Dom, jusqu’au 12 novembre). Enfin, une troisième exposition, intitulée Cartographie des rêves est constituée d’une rétrospective de l’œuvre de Marc-Antoine Mathieu (Museum Angewandte Kunst, depuis le 3 juin et jusqu’à dimanche).

Par ailleurs, la création franco-allemande a été encouragée, par le biais du projet Ping-Pong. Entamé depuis le 22 mai par Lyon BD, il a déjà accueilli plus de 30 auteurs français, suisses, belges et allemands pour une carte blanche de création en bande dessinée. Hommage à une œuvre littéraire ou reportage, une nouvelle création originale est proposée chaque semaine, en 3 langues, jusqu’au 30 octobre.

© Mawil

Ont ainsi déjà été publiés un reportage sur les élections présidentielles françaises vues depuis Berlin, par David Prudhomme ; la genèse de Ping-Pong et de son logo par Mawil ; un hommage à Marcel Pagnol par Fabien Toulmé ; à Jules Verne par Isabelle Kreitz ; à Baudelaire par Catherine Meurisse ; à la Vénus d’Ille par Boulet ; à Simone de Beauvoir par Pénélope Bagieu ; un reportage sur Lyon par Birgit Weyhe ou encore un autre sur un thème similaire par Flix.

© Mawil

Du 11 au 15 octobre, Ping-Pong passe au direct et voit les auteurs présents croquer et restituer en dessins tous les espaces et événements de la Foire et de l’invitation « Francfort en Français ».

© David Prudhomme

Enfin, une Comic Party est organisée à la Mousonturm le 13 octobre (20h), mélangeant musiques (notamment électroniques) et bande dessinée, avec par exemple un concert de Mathias Malzieu (le chanteur de Dionysos) illustré par Reinhard Kleist.

© Philippe Somnolet / ITEM

Nul doute que cette grande fête de la littérature saura faire rayonner en Allemagne et à l’international le nouvel page d’or du neuvième art francophone dans sa diversité et sa richesse !

(par Tristan MARTINE)

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2 Messages :
  • Vu sur le stand Francais du salon du livre de Francfort, les chiffres de la bd française.
    « https://www.bdgest.com/forum/download/file.php?id=75280&t=1»
    Comment avec un CA de 245 millions d’€ les auteurs sont-ils en majorité sous le seuil de pauvreté ?

    Répondre à ce message

    • Répondu le 18 octobre 2017 à  09:17 :

      Parce que les éditeurs ne leur reversent pas tout l’argent qu’ils pourraient et devraient leur reverser. C’est simple, que les auteurs demandent à remettre à plat tous les comptes et toutes les répartitions. Les contrats d’aujourd’hui correspondent à une réalité économique des années 80. Mais l’informatique a changé les modes de production et de distribution. Certains coûts pour les éditeurs sont aujourd’hui moindres mais les pourcentages reversés aux auteurs n’ont pas changé.

      Répondre à ce message

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