Le site de Tour & Taxis de Bruxelles n’a pas dérogé à sa réputation d’adresse incontournable des grands événements culturels de la capitale belge. En effet, celui-ci accueillait la 61e édition de la BRAFA, la foire des antiquaires de Bruxelles (Brussels Art Fair), qui a eu lieu entre le 23 janvier et le 31 janvier.
Ce rendez-vous annuel qui attire chaque année en moyenne 55 000 visiteurs sur une semaine est LE rendez-vous prisé des amateurs d’art et d’une clientèle triée sur le volet. Rendez-vous compte : les œuvres de Brueghel, Monet, Ensor, Chagall et Jan Fabre côtoient des bustes antiques, les trésors d’art africains, asiatiques et océaniens, ou encore des créations de designers du XXe et XXIe siècle, sans oublier l’art contemporain qui continue de drainer les foules.
Cette année, la BRAFA a accueilli onze nouveaux exposants supplémentaires : 137 contre 126 par rapport à l’édition 2015. Cette augmentation fut permise grâce au réaménagement de l’entrée principale du bâtiment et à la création d’une dizaine de nouveaux stands. Mais ce qui a frappé à coup sûr l’imagination de l’amateur de bande dessinée et du collectionneur de planches originales, c’était l’absence remarquée de la galerie Champaka, qui était pourtant présente sans interruption à la BRAFA depuis 2011. Elle laissa seule la galerie Huberty & Breyne représenter la BD dans ce haut lieu du luxe et du raffinement.
Pourtant, ce relatif isolement n’a pas perturbé Marc Breyne : “Je ne m’attendais pas à ce que la galerie Champaka ne soit pas présente cette année et je ne peux pas répondre à leur place ou commenter les raisons de cette absence. Mais leur absence ne change rien pour nous. Tout le monde est le bienvenu à la BRAFA. Néanmoins, nous savons tous que les places pour assister à ce type d’événement sont chères et le coup d’investissement est souvent supérieur à ce que l’on peut réaliser comme ventes dans ce genre de foire. Mais c’est très important pour nous d’être présents, pour notre image et pour l’image des artistes que nous représentons face à un public averti sur les arts en général. Même si les ventes sont respectables en ce qui nous concerne, je pense que nous devons être ici, même si nous avons des retombées économiques toute l’année.”
Pour cette BRAFA 2016, Huberty & Breyne ont totalement repensé leur stand. Après le noir luxueux et intimiste de l’année dernière, ceux-ci ont opté pour la luminosité en repeignant les murs de leur stand en blanc cassé, comme nous l’expliquait le galeriste : “Les années précédentes, nous avions opté pour ce que l’on appelle une black box qui rendait l’endroit beaucoup plus confiné, plus sombre. Mais cette année, nous avions envie de montrer différemment nos artistes, qui sont des artistes contemporains. Nous avons gardé les mêmes métrages mais nous avons réorganisé nos panneaux de façon à avoir un endroit plus clair et une circulation des visiteurs plus fluide et je pense que c’est assez réussi.”
Les fidèles étaient mis à l’honneur à l’intérieur et à l’extérieur de cet écrin immaculé : François Avril et son épouse Dominique Corbasson, Jean-Claude Götting qui vient de faire son grand retour en BD, mais aussi Philippe Geluck, le très avant-gardiste Denis Deprez, François Schuiten, André Juillard et quelques originaux de grands maîtres tels que Jacques Martin et Hergé, dont une planche originale de Quick & Flupke s’affichait à un million d’euros.
“Je pense que nous avons des artistes coup de cœur qui proposent des prix raisonnables quand on les compare aux prix des œuvres exposés à la BRAFA, poursuit Marc Breyne. Mais nous n’avons pas un artiste qui est plus plébiscité qu’un autre. Les prix de nos œuvres oscillent entre 3 500 euros et 18 000 euros pour nos artistes contemporains. Mais certaines des œuvres les plus chères sont les toiles de François Avril qui sont exposées à l’extérieur du stand, l’une est à 18 000 euros, tandis que le prix du diptyque est lui fixé à 24 000 euros”.
Signalons aussi une statue en bronze de deux mètres de Tintin et Milou qui trônait fièrement au point de passage principal du stand. Cette œuvre signée Nat Neujean, magnifique sculpteur qui avait été exposé au Musée Hergé, n’existe aujourd’hui qu’en huit exemplaires et a été laissée en dépôt par un collectionneur. Son prix ? 250 000 euros.
“Je pense qu’il faut avoir une vision qui s’inscrit dans le temps”, soutenait Marc Breyne quant à la présence de sa galerie à la BRAFA. “Je ne pense pas que l’on vienne ici uniquement pour faire une plus-value sur les ventes sinon, je pense que ça n’en vaut pas la peine. Les artistes dans notre domaine sont encore à des prix très raisonnables, pas comme dans les autres domaines de l’art où les pièces se vendent la plupart du temps à 200 000 ou 300 000 euros, ce qui aide à couvrir les frais de participation à un salon tel que la BRAFA. Notre but, c’est surtout de défendre l’image de nos artistes et des galeristes de BD”.
L’année 2015 qui s’est achevée a définitivement prouvé que le 9ème Art avait sa place dans le marché de l’art haut de gamme. Un article paru dans Le Monde il y a quelques jours relatait d’ailleurs comment les plus prestigieuses maisons d’enchères se livraient une guerre acharnée pour la vente d’œuvres des auteurs les plus prisés de la bande dessinée franco-belge et mondiale. Une lutte qui devrait reprendre de plus belle en 2016, assurément.
Voir en ligne : La galerie Huberty & Breyne à la BRAFA
(par Christian MISSIA DIO)
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Photos : Christian Missia Dio
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