20 ans après que le chevalier Ralène ait tué le dragon du palais du Doge, le chevalier Snejana et son apprentie sont chargées de retrouver dans les ruines de l’ancienne bâtisse fortifiée la Pierre d’Arken, un pendantif en forme d’étoile, symbole de la lignée royale. Mais la région, marquée à jamais par le Veill, réserve bien des surprises aux deux femmes…
Dans ce nouvel opus, paru quelques mois seulement après le tome 4, Ange (Anne et Gérard) s’attache particulièrement à la psychologie des trois femmes mises en scène. Ralène porte en elle une victoire non reconnue et donc toute la frustration que cela implique. Snejana est arrogante et prétentieuse, tandis que la jeune Josanifellana, apprentie chevalier malgré elle, apporte une candeur amusante au récit. Si leur caractère est déterminée par leur histoire personnelle, il ne sortira pas indemne du palais du Doge. Chacune sera autre à la fin de l’album. Les auteurs continuent, à travers cette saga, à évoquer le pouvoir social des femmes et les difficultés qu’elles rencontrent. "Ces femmes que nous décrivons ne sont pas libres de leurs choix. Si elles ne réagissent pas, le monde court à sa perte. Elles sont indispensables à la survie du genre humain, c’est pourquoi elles sont détestée par la population masculine impuissante. En résumé, la Geste c’est "les femmes contre le monde entier." écrit Gérard dans Suprême Dimension n°9.
Face aux chevaliers, point de dragons (sauf dans les souvenirs de Ralène) mais de nouvelles bestioles tout aussi dangereuses dessinées par Christian Paty (La Cicatrice du souvenir, Kookaburra Universe). L’auteur créé dans les ruines du palais une ambiance angoissante à souhait.
Par son principe narratif (les épisodes ne sont pas véritablement "à suivre") et la diversité des dessinateurs, La Geste des Chevaliers Dragons est une série attachante et malgré tout cohérente. Avide d’expérimentation, Ange nous annonce une nouvelle collaboration avec Dohaé, un dessinateur coréen. La prépublication dans Suprême de cet album intitulé Le Veill nous fait découvrir un résultat étonnant, beaucoup plus illustratif que narratif. À suivre de près.
(par Laurent Boileau)
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