Automne 1830. Jeune marié, Hugo Sambre délaisse la demeure familiale pour reprendre en main, sans conviction et sans motivation, l’exploitation minière que sa famille a reçue en dot. Il y découvre avec ses ouvriers une caverne garnie de peintures rupestres et contenant de nombreux ossements humains datant de la préhistoire. L’orbite de l’un de ces crânes est sertie par une pierre précieuse rougeâtre. Cette découverte fera vaciller le jeune Hugo.
L’homme est en perte de repère. Sa femme, Blanche, vient d’accoucher d’un enfant qui n’est pas de son sang, mais dont il assume néanmoins la paternité. Son père n’hésite pas à toucher Blanche en sa présence. Ses trois sœurs et sa mère sont odieuses et méprisables. Il se dégage décidément un air malsain de la maison familiale. Après la découverte de ces crânes, Hugo décide de rejoindre Paris pour avoir plus de disponibilité pour les étudier. Il couche le fruit de ses réflexions sur le papier, dans un manuscrit intitulé : « La Guerre des Yeux ».
Hugo Sambre se rend chaque jour à l’Opéra comique, où il admire Isis, l’actrice principale, dont les yeux rouges le captive. Il est attiré par la présence de la comédienne et surtout envouté par son regard. Hugo ne peut rater ce rendez-vous quotidien avec elle et retarde son retour dans la maison familiale, où son père se meurt.
La grande force de cette reprise réside dans l’omniprésence de Bernar Yslaire dans le processus créatif d’Hugo et Iris. L’auteur fournit le scénario, la mise en scène et les esquisses à deux jeunes dessinateurs, Bastide et Mézil. Les auteurs s’attardent sur les codes de la tragédie romantique : les jeux de regard, généralement destinés à faire transparaître les sentiments, sont d’autant plus importants que "la guerre des yeux" est au cœur du récit. Les personnages prennent également souvent une posture théâtrale. La caméra s’attarde souvent sur des objets, pour laisser le lecteur s’imprégner plus facilement des textes narratifs. Bastide et Mézil illustrent cette œuvre avec humilité tout en y important leur touche personnelle, notamment dans le trait et les compositions chromatiques. Ces deux premiers albums sont d’une très grande qualité.
(par Nicolas Anspach)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Lire les chroniques de :
La Guerre des Sambre - Hugo & Iris T1
La Guerre des Sambre - Bernard-Marie & Judith T1
Et aussi :
Le fabuleux printemps d’Yslaire (Avril 2007)
Entretien avec Yslaire (Septembre 2003)