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La Jeunesse de Staline - Par É. Liberge, A. Delalande et H. Prolongeau - Les Arènes

Par Tristan MARTINE le 19 juillet 2017                      Lien  
"La Mort de Staline" donna lieu à deux très bons albums de bande dessinée qui rencontrèrent un grand succès public. Après sa mort, voici sa jeunesse, moins réussie.

L’album s’ouvre avec l’attaque sanglante d’un convoi bancaire à Tbilissi (Géorgie) en juin 1907 par le jeune Sosso Djougachvili, pour réunir des fonds afin de financer la révolution.

Le récit a lieu à la première personne, Staline décidant de raconter sa jeunesse pour ne pas laisser se propager des rumeurs sur son passé. Enfant battu par son père, un cordonnier alcoolique, contraint d’aller de foyer en foyer avec sa mère, une couturière. Vérolé, l’enfant, né avec un pied palmé, est victime d’un accident qui lui laissa des séquelles au bras, ce qui le rendit paradoxalement encore plus bagarreur pour se faire respecter.

On suit pas à pas les années d’adolescence de ce Géorgien vivant à une époque où le tsar Alexandre III avait rendu obligatoire la langue russe à l’école, enfant de chœur hésitant à devenir prêtre et personnalité déjà pleine de paradoxes. Il était ainsi à la fois le meilleur élève de sa classe et le plus violent, terrorisant même ses professeurs, menaçant ainsi de tuer ceux qui le réprimandaient à cause de leur utilisation du géorgien.

La Jeunesse de Staline - Par É. Liberge, A. Delalande et H. Prolongeau - Les Arènes

Ses fréquentations, et notamment Maxime Gorki, l’amènent à réfléchir sur la religion, qu’il voyait jusque-là comme l’unique moyen de corriger les injustices, notamment lorsqu’il s’aperçoit que le clergé local soutient les autorités locales quand elles pendent un paysan devenu voleur pour survivre. Cette exécution est une rupture et on le voit alors, de manière peu finaude, massacrer une chatte et ses chatons à mains nues pour se prouver qu’il n’y a pas plus de Dieu que de justice.

Il passe ensuite cinq années au séminaire de Tiflis, où il supporta de plus en plus mal les inégalités sociales entre enfants de riches et de pauvres et les discriminations contre toute la littérature non-russe (française comme géorgienne). Il y intègre le club des « livres socialistes interdits » (Hugo, Zola, Balzac) et se met à rédiger des poèmes sur l’amour de la Géorgie, qu’il fait publier. Il décide ensuite de ne plus se limiter à ses lectures et de passer à l’action pour obtenir l’abolition du servage. Il intègre alors un groupe de cheminots révolutionnaires, ce qui lui vaut d’être renvoyé du séminaire.

Le récit s’interrompt alors, et Staline précise qu’il s’agit là de la version officielle et qu’en réalité, il ne connaissait alors rien au marxisme et avait été renvoyé pour ne pas d’être présenté aux examens. On touche d’ailleurs là aux limites de l’approche, avec une vision principalement autobiographique de la vie de Staline, même si cela fait aussi l’originalité de ce récit, alors que la plupart des récits de vie des « grands hommes », surtout quand ils sont aussi controversés que celui-ci, sont des biographies classiques.

Les derniers chapitres de l’album montrent le jeune révolté intégrer en 1898 le Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, l’ancêtre du parti bolchévique, ce qui lui valut des poursuites policières et l’obligea à rentrer dans la clandestinité. Ayant assassiné le directeur des chemins de fer, il fut obligé de quitter la Géorgie pour la Russie. Il se fit embaucher à Batoumi, le principal port russe, dans l’entrepôt de la raffinerie Rothschild, qu’il incendia. On le voit alors pratiquer de véritables épisodes de guérillas contre les forces de l’ordre, avant d’être déporté en Sibérie.

On notera un beau travail sur la mise en couleurs d’Éric Liberge, ce qui permet de dynamiser son dessin, parfois un peu statique. Mais dans l’ensemble, cette histoire est très évènementielle, peu rythmée, et elle peine à nous passionner, manquant un peu de souffle. Ce récit très classique a néanmoins le mérite de nous faire découvrir les vertes années très rouges de l’homme qui allait devenir Staline.

(par Tristan MARTINE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782352045922

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