Gai Luron, tous les lecteurs avisés de la BD depuis les années 1960 connaissent : une VF de Droopy tendance flemmardo-philosophique, du Badiou qui filerait doux, du Onfray drôle et véritablement hédoniste...
Après la disparition de Moebius, on cherchait quel était le dernier grand dessinateur de folie qui a influencé des générations d’artistes et qui, sans être un gladiateur médiatique comme les deux précités, est pourtant devenu pour bon nombre d’entre nous un maître à penser... Bon sang mais c’est bien sûr : Gotlib !
Le nez au milieu du visage de la bande dessinée française, c’est lui. Sans lui, elle sera défigurée. Alors prions, agenouillons-nous, et acceptons l’offrande, d’autant que ce sont les quatre premiers volumes du cabot flegmatique qui nous sont offerts ici.
Ce grand échalas de Jean-Christophe Chauzy en est certainement l’héritier. Comme le Maître, il se représente dans ses pages dans des scènes d’une drôlerie absolue dont la prétention est totalement absente. Mais ce dessinateur doué s’applique à enfermer régulièrement son double-mètre dans ses cases. Elles méritent que l’on s’y arrête, que l’on détaille chaque mimique, chaque gestuelle de l’homme-caoutchouc. Petite Nature, que cela s’appelle. C’est pourtant du costaud. (3 volumes couleurs pour le prix d’un seul.)
"Loser de compétition", Jean-Claude Tergal est aussi une victime du système, un "mecmoche" dans toute sa splendeur. La plus affreuse des caricatures le flatterait. Son auteur, Tronchet, dont les premières planches sont particulièrement léchées, trouve très vite le rythme de la comédie, de la sarabande absurde et du dialogue savamment décoché. Tergal : un humour référentiel de la meilleure étoffe !
Trois premières flèches dans le carquois de la Big Collec’ Série Or de chez Fluide. Elles sauront toucher leur cible !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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